Sengo
7.8
Sengo

Manga de Yamada Sansuke (2013)

Sengo nous propose un sujet rarement traité par la bande dessinée, la survie dans un pays totalement détruit et occupé par l’ennemi. Sansuke Yamada ne nous épargne pas : c’est cru, violent, cynique, mais aussi, de temps en temps, émouvant ou drôle. Quand la vie reprend doucement ses droits...


Publiés entre 2013 et 2018, les 7 tomes de Sengo abordent de front une période douloureuse et rarement traitée du Japon contemporain : l’immédiat après-guerre. Tokyo n’est plus qu’un champ de ruines. On ose espérer que les civils ont été évacuées. Ne subsistent que des orphelins, des putes et des soldats vaincus, tous abandonnés à eux-mêmes. Ces rescapés survivent des aumônes et des déchets des troupes américaines. L’orgueilleux Japon n’est plus.


Sansuke Yamada nous propose deux étranges héros, des compagnons d’armes que le destin réunit au premier chapitre et que nous apprendrons à connaître au fil des volumes. Le soldat de première classe Kadomatsu est un colosse, ancien voyou, illettré et bon vivant. Seul survivant valide de sa section, il a ramené sur son dos son chef gravement blessé. Toku a survécu, moralement brisé et alcoolique. Depuis, le rapport de force s’est subtilement inversé. Dans un monde dévasté, la force physique et un passé de yakusa sont plus utiles que le raffinement bourgeois et la discipline militaire. Kadomatsu monte un bordel, tandis Toku crée, avec une enfant de rue, une cantine.


Le dessin de Yamada ne surprendra pas les amateurs de mangas. Il mêle compositions travaillées et dessins humoristiques, alternant situations dramatiques ou sordides aux baffes et franches rigolades. Il n’élude rien des trafics et de la prostitution, des combines et des humiliations quotidiennes des orgueilleux vaincus. Et vous, jusqu’où seriez-vous prêt à aller pour survivre ?

Créée

le 31 janv. 2020

Critique lue 407 fois

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Step de Boisse

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