Recettes de familles - Tony Chu détective cannibale, tome 8 par T_wallace

Petit bijou de wtf à la trame frappadingue, la série Tony Chu (prévue pour durer 15 épisodes) en arrive tranquillement à la moitié, et s'aventure en conséquence vers un tournant habilement mené.

L'histoire du détective cibopathe prend ainsi une voie double, condition obligatoire pour insuffler un peu de fraicheur au sein de l'intrigue. D'une série policière somme toute assez classique dont l'intérêt repose en particulier sur son background original (une somme de personnages est dotée de super pouvoirs concernant leur rapport aux aliments), on passe à une authentique histoire de vengeance bien sombre, quoique toujours baignée dans la folie qui fait le sel de cet univers particulier.

En résumé : après avoir échappé aux cinglés collectionneurs d'anecdotes sordides sur les stars de base-ball (je passe volontairement sur le tome 7, pour éviter de révéler des éléments trop importants), Tony se trouve donc évoluer à la fois dans le monde réel dégueulasse tel qu'il existe après l'épidémie meurtrière de grippe aviaire qui a décimé des millions de pauvres mangeurs de poulets (dont pas mal d'américains, logique), sorte d'uchronie suintante jalonnée de messages nihilistes, habitée par de méprisables égoïstes et baignée dans une fièvre maladive aux volutes nauséabondes, et à la fois dans un univers psychédélique qui le voit combattre des oreillers enragés à la manière de Poyo le coq de combat d'élite livrant bataille contre Super-Flétan, un trip commandité par sa petite amie et sa fille qui va l'amener à en découvrir plus sur les messages cosmiques.

Pour celui qui n'a pas encore découvert Tony Chu et son ambiance déjantée ancrée dans une sorte de mixte entre X-men et Super size me, la lecture de ce résumé paraitra sans nul doute insondable...raison de plus pour se jeter rapidement dans la lecture de cette petite perle à l'humour acide et aux trouvailles géniales !

Si le dessin n'est pas toujours merveilleux, et les couleurs criardes rappellent parfois les plus ignobles méfaits des éditions Soleil, on suit avec un plaisir sans cesse renouvelé les aventures de cet anti-héros bien souvent dépassé par ses facultés hors du commun et celles toujours plus bizarres des personnages qui cohabitent avec lui.
Souhaitons que les tomes suivants soient dans la même veine, et que les auteurs parviennent à rassembler convenablement les diverses ramifications d'un récit qui devient de plus en plus complexe, tout en prenant garde à ne pas tomber dans le piège des complications à outrance (l'exemple de séries excellentes au premier abord comme The Boys ou 100 bullets en témoigne). Car si le rythme de la série se maintient tel quel, l'arc entier pourrait bien former un chef d'oeuvre.