Bakamon, lecture éclair

« Baka » signifie « imbécile » en japonais. C’est un terme assez couramment utilisé, que les amateurs d’animés et de jeux vidéo en V.O. ont forcément déjà entendu. « Bakamon » représente donc un amusant jeux de mots pour cette série de bande dessinée s’amusant à parodier la série culte des Pokémon, mais qui en montre aussi toute la limite.

Les quelques axes intéressants qui pourraient développer la satire de l’univers des Pokémon, comme l’exploitation de ces créatures comme combattants, matériaux ou nourriture, sont présents, mais restent en surface. L’activiste Sophia-Justine Warra, personnage pourtant intéressant du premier volet, est encore réduite à quelques pages, même si ce qu’elle annonce préfigure une piste intéressante, mais qui ne sera déployée que dans les tomes suivants.

Dans ce deuxième numéro, on retrouve les qualités et les défauts du premier, et les craintes annoncées semblent confirmées. L’épopée de Crétin (le nom du personnage principal), qui part à l’aventure un peu forcé, et qui n’est pas franchement emballé à l’idée de se coltiner les Bakamons, avance doucement, au point qu’il serait même ironique d’appeler ça une aventure. Crétin découvre encore l’univers, et le lecteur avec, faisant la rencontre de la Team Racket (parodie assez bien trouvée de la Team Rocket de la première série télévisuelle, à la sauce « revival 80’s »). Il se retrouve aussi alléché par le gain d’une victoire contre la championne locale de Mouiseville, une petite vieille qui ne sucre pas les fraises.

C’est tout de même un peu mou, la faute peut-être à une mise en page un peu plate, malgré de jolis graphismes assez colorés, bien qu’un peu trop communs, à part le design des Bakamon, j’y reviendrai. Juliette Fournier, au scénario et aux dessins, offre une esthétique appréciable, mais à qui il manque un peu de folies. Les cases sont grandes, aérées, elles sont lisibles, mais se lisent en un rien de temps. Ses pages d’affrontements entre Bakamons n’ont aucune tension, alors que cela reste l’un des éléments phares de l’oeuvre inspiratrice.

Heureusement, Bakamon, la BD, se révèle plus réussie sur son humour, qui se moque gentillement des codes de Pokémon et n’hésite pas à doucement ridiculiser son personnage. Plus que toute l’histoire autour de Crétin, avec ses quelques bonnes idées humoristiques, c’est bien la création de ces Bakamons qui est un vrai régal. Tous crées avec une bonne dose de farfeluterie, on découvre ainsi des Veaubiliers ou des Meumeubles, bovins meublés, Chevalaid, chevalet de peinture à tête équine, Escarscotch, mélange entre un rouleau de scotch et un gastéropode, et bien d’autres idées. La plupart des bestioles ont droit à leur petite fiche explicative, avec beaucoup d’humour dans les descriptions, et une loufoquerie assumée, dans les idées de créatures ou leurs allures, qui sont vraiment bien trouvées. Certains sous-entendus sont même laissés à un public plus vieux.

La création de ces Bakamon reste donc la véritable pépite de ces deux tomes, en dehors d’une série qui peine à décoller, n’arrivant pas à développer ses personnages ou persistant à rester en surface au bénéfice de la plaisanterie, légère et acceptable. Un peu plus de pep’s lui ferait tout de même du bien ; que ce soit au niveau du scénario ou de la mise en page, car malheureusement Bakamon reste bien trop sage et mollasson malgré son humour qui peut en quelques occasions se montrer plus mordant. Heureusement le tome 3 relève la barre, mais on en reparlera plus tard.