Petit Paul
5.1
Petit Paul

BD franco-belge de Bastien Vivès (2018)

Bon, ça me paraissait évident pour Une sœur, mais difficile de dire en s’appuyant sur Baudelaire que Petit Paul n’est pas pornographique ! Du cul du début à la fin ! (Pour ceux qui n’avaient pas suivi : le héros de l’album est un enfant, il peut faire le tour de sa taille avec sa queue, et il éjacule par barils.) Par contre, je ne vois vraiment pas qui pourra être excité par cette pornographie-là. (Et c’est pour ça que finalement, ce n’est peut-être pas du porno.)
Difficile de dire aussi que c’est un bon album. Bastien Vivès pourrait donner du dynamisme à n’importe quoi uniquement grâce à ses dessins, mais scénaristiquement, j’imagine qu’un peut produire une reportages de deux heures sur la pêche à la carpe dans le bassin de la Tille qui soit mieux ficelé que Petit Paul.
Donc, voilà, c’est rigolo parce que c’est outré, on avait bien compris, mais pour apprécier cent soixante-dix pages d’outrance, il faut vraiment aimer le comique de répétition, collectionner les couvertures détaillées de Martine et considérer la fin de Black Sheep comme un chef-d’œuvre du cinéma. (Oui, paie ta référence…)
Par contre, il y a quand même un truc qui m’agace, et que la préface de Céline Tran illustre assez bien : les prétentions intellectualisantes, depuis dix ou quinze ans (?) d’une partie des acteurs – je parle d’acteurs économiques ! – du porno. Je ne pense pas qu’on puisse s’improviser préfacier, fût-ce d’un album de bande dessinée, tout comme je refuse de croire que n’importe quel universitaire puisse tourner dans un film X – je ne donne ni nom, ni titre, pour ne pas donner d’idées !
On peut commencer par soigner le vocabulaire. Petit Paul, « récit […] cathartique ? » À ma connaissance, catharsis n’est pas synonyme de défouloir, la catharsis résout toujours un malaise, et je ne vois pas quel malaise peut mener à la lecture de cet album.
Puis, sans rentrer dans une analyse détaillée qui m’amènerait à passer pour le vieux schnock marxiste et pudibond que je ne suis qu’à moitié (et encore), je relève juste le fond du propos de Céline Tran : Petit Paul serait un bon album parce qu’il est trans-gres-sif. J’ai connu des enfants de l’âge du personnage principal qui montraient plus de maturité dans leur argumentation.
À propos d’âge, il me semble qu’au bout du compte l’album serait aussi bon – ou aussi mauvais – si le personnage était adulte. C’est, à mon sens, un signe qu’il manque son coup.

Alcofribas
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le 19 juil. 2019

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