Clarke avait surpris son monde en publiant « Réalités obliques », un ouvrage au format original carré, en noir et blanc et dérangeant, bien loin de ses productions habituelles. Le livre était réussi, tant sur le fond que sur la forme et c’est sans surprise qu’on voit arriver une suite, « Mondes obliques », sur le même principe, toujours publié au Lombard.


« Mondes obliques » est construit sur un principe immuable : quatre pages de quatre cases construisent une histoire dont la chute nous horrifie. Souvent fantastiques, les histoires touchent à l’intime. Souvent, les personnages sont en plein monologues intérieurs.


Hélas, ici Clarke peine à se renouveler. Bien sûr, l’effet de surprise étant passé, le lecteur sent beaucoup plus les chutes arriver. Mais au-delà de ça, on sent que la source s’est un peu tarie. Il y a moins de subtilité dans ses histoires. La faute à une écriture de la suite trop rapide ? Car certaines histoires gardent le feu sacré. Peut-être aurait-il fallu prendre plus de temps pour améliorer l’écriture de cet ouvrage. Clairement, « Mondes obliques » est un cran en-dessous de « Réalités obliques ».


Graphiquement, le livre reste très beau, avec un noir et blanc maîtrisé, inspiré de Miller et de son « Sin City ». Le trait de Clarke est élégant, expressif, et sa gestion du clair-obscur remarquable. Mais pour le coup, le fait de se bloquer sur les quatre pages de quatre cases le dessert parfois. On sent la narration poussive sur certaines histoires car il n’y a pas de quoi en fait autant. Alors on dilue. Tous ces monologues fatiguent un peu. La lassitude, au bout du deuxième tome, s’installe déjà.


« Mondes obliques » déçoit. S’il garde les qualités graphiques de son prédécesseur, les histoires sont moins réussies. Quelques-unes gardent la force de la chute qui surprend, mais beaucoup restent moyennes. Peut-être aurait-il fallu n’en faire qu’un livre, percutant et marquant, plutôt que de vouloir à tout prix continuer, malgré une inspiration en baisse. En espérant qu’il n’y aura pas de suite, car on sent que Clarke n’avait pas tant de matière en stock.

belzaran
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le 14 mai 2017

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