La reine du polar suédois existe désormais aussi en BD

Quelques mois après la parution chez Dupuis d’une adaptation en bande dessinée de la trilogie "Millenium" de Stieg Larsson, c’est au tour des éditions Casterman de sortir la version BD d’un polar suédois à succès. Paru pour la première fois en français en 2008 (dans la même collection que "Millenium", chez Actes Sud), "La Princesse des glaces" est le premier roman de Camilla Läckberg. Depuis lors, la jeune écrivaine suédoise a publié sept autres enquêtes de son héroïne Erica Falck. Mais surtout, elle est devenue une des auteures les plus lues dans le monde, ses livres étant aujourd’hui traduits dans une trentaine de langues. Erica Falck a beaucoup de points communs avec Camilla Läckberg. Toutes deux sont trentenaires et écrivaines, et toutes deux sont originaires de Fjällbacka, une petite ville paisible de la côte ouest suédoise. Enfin, pas si paisible que ça puisque dans tous les livres de Camilla Läckberg, Fjällbacka est le théâtre de meurtres et de tragédies. Evidemment, c’est le cas aussi dans "La Princesse des glaces", une histoire dans laquelle Erica Falck, de retour à Fjällbacka après des années d’absence, va découvrir que la mort d’Alexandra, une de ses amies d’enfance retrouvée morte dans sa baignoire gelée, n’est peut-être pas un suicide comme tout le monde le croit. En menant son enquête, Erica va non seulement se rapprocher de l’inspecteur de police Patrik Hedström, qui est un autre de ses amis d’enfance et qui est amoureux d’elle depuis toujours, mais elle va également mettre à jour d’effroyables secrets bien enfouis et révéler ainsi les côtés très sombres de plusieurs des habitants de la petite ville provinciale, un peu comme dans "Millenium". Autant le dire tout de suite: la version BD de "La Princesse des glaces" est vraiment une belle réussite. La dessinatrice Léonie Bischoff et le scénariste Olivier Bocquet parviennent, en effet, à rester fidèles à l’intrigue imaginée par Camilla Läckberg et à son univers, tout en apportant leur touche personnelle. Le scénario fluide et efficace d’Olivier Bocquet reconstruit ainsi le récit de manière très intéressante, grâce notamment à l’utilisation de flashs-back et à une introduction un peu mystérieuse des personnages-clés dans les premières pages de la BD. Le dessin très élégant de Léonie Bischoof parvient, quant à lui, à restituer parfaitement l’ambiance glaciale et oppressante du roman, grâce d’une part à une utilisation habile des couleurs mais aussi grâce à une mise en scène presque cinématographique, notamment quand on voit le corps nu d’Alexandra dans la même position à seulement deux pages d’intervalle: d’abord chaud et vivant, puis froid et mort sur la table du médecin légiste… "La Princesse des glaces" en BD est donc une belle surprise pour tous les amateurs de polars venus du Nord. Bonne nouvelle pour Léonie Bischoff et Olivier Bocquet: si jamais le succès est au rendez-vous, ils vont avoir des tas d’autres romans à adapter!