• Hello, commissaire ! Bonjour, patron !!!

  • Ah ! Voilà notre bagnard volontaire !

  • Pas changer d'avis au moins, Ric ?

  • Toujours décidé à partager le sort des condamnés ?

  • Toujours, patron ! J'espère faire un tas d'observations qui permettront peut-être d'améliorer les conditions d'existence des détenus...

  • Parfait !... Le commissaire va vous exposer lui-même le programme de vos futures vacances.

  • Oui... Je vous jure que ça n'a pas été facile pour que les portes de la " Centrale " vous soient ouvertes, si j'ose dire...

  • Eh bien, je ne me doutais pas que c'était si difficile de se faire mettre en prison.

  • Si Ric ! Presque aussi compliqué que d'en ressortir !... Si vous n'aviez pas rendu de multiples services à la justice, je n'aurais jamais recueilli les autorisations nécessaires ! Enfin, tout est en ordre ! Pour éviter que votre incognito ne soit percé à jour, on a mis le minimum de personnes dans la confidence ! De plus, j'ai fait vérifier la liste actuelle des détenus afin de vous épargner toute rencontre fâcheuse !

  • Bonne chance, Ric ! Je compte sur vous pour réaliser un reportage sensationnel !

  • Merci, patron... À dans 15 jours !

  • Et maintenant, gibier de potence, en route !... Je tiens à vous remettre personnellement entre les mains du directeur de la prison !

  • Vous me gâtez, commissaire !




Le retour du Caméléon



L'Ombre de Caméléon du duo prolifique Gilbert Gascard, dit ''Tibet'' et André-Paul Duchâteau, par les éditions du Lombard, est le quatrième album des enquêtes de Ric Hochet, sortie en 1966. Pour ce nouveau périple, notre journaliste préféré se retrouve plongé dans l'univers carcéral en tant que prisonnier infiltré pour les besoins d'une observation à travers un papier pour la Rafale, afin de permettre d'améliorer les conditions d'existence des détenus. Une intrigue qui dans un premier temps décortique adroitement l'univers pénitencier par le biais d'une enquête journalistique, durant laquelle on explore les murs de la " Centrale " : prison côtière isolée par les eaux, seulement accessible par une vedette. Enfermé dans la cellule 23, avec Roberto Gomez et Fred Breton tous deux condamnés à 15 ans de prison pour vols à main armée, Ric sous le nom d'infiltré : " Rocky ", va découvrir un monde redoutable en parcourant le cheminement d'un détenu en commençant par le revêtir des droguets réglementaires des prisonniers. S'ensuit le quotidien avec la distribution du repas, suivie de la corvée "vaisselle", la promenade de cours, ou encore le travail : ici en tant que magasinier de papier, le tout contrasté par des tentatives de meurtres ainsi qu'un système de communication noire via le réseau des conduites d'eau, pour déboucher sur une évasion. Un exode dans lequel Ric... pardon, Rocky, se retrouve prit en otage par le terrible inspecteur Manière Volcan alias le " Caméléon " (premier grand antagoniste de la licence apparu dès le premier volume : '' Signé Caméléon ''), qui en tant que voisin de cellules avec son codétenu Amaroussian, à reconnu le jeune reporter responsable de son funeste sort. Une première partie sensationnelle autour d'un récit prenant qui contraste une ambiance carcérale saisissante dont on regrette le peu de pages consacrées.


Aussitôt l'évasion orchestrée que le lecteur est propulsé dans une chasse à l'homme mouvementée regorgeant de nombreuses péripéties avec des moments de bravoures divertissants. Une seconde partie trépidante, où le Caméléon accompagné de ses complices ne cesse de défier et de narguer la police, plus particulièrement le commissaire Bourdon, à travers des messages provocateurs au cours d'un affrontement en plusieurs manches qui va mettre à mal nos héros. Une pléiade de rebondissements de qualités appuyées par des riches décors issus du coup de crayon maîtrisé de Jean Mariette alias " Mittéi ", qui font le sel et l'identité de cette franchise. Un cadre qui nous fait découvrir l'île fictive de Touranges, ancienne ville-forteresse située sur la Loire avec en son centre le manoir de Thièvres, transformé en musée contenant des incunables estimés à plusieurs millions. Un excellent chapitre durant lequel Ric va s'adonner à une réjouissante confrontation à l'épée contre l'un des fugitifs. On s'exalte du coup de théâtre extraordinaire sur les Champs-Elysées lors d'une ultime provocation qui va nous projeter sur la nationale 52, en pleine course-poursuite endiablée avec la fameuse Porsche jaune de Ric, qui s'achèvera sur un violent accident laissant le commissaire Bourdon à moitié mort, plongé dans un coma. Une dramatique à l'origine d'une séquence intense, où Ric Hochet passe pour la première fois par le trauma et le tragique d'une perte, offrant
une atmosphère noire et amère symbolisant la tristesse et la rage cumulée par le jeune reporter.




  • Ledru !... Alors ?

  • Hélas Ric ? Courage... C'est terrible !... Il n'a pas pu résister... Il est...

  • Non ! Non ! Ce n'est pas possible !!!

  • Si Ric ! Son cœur... Il a cessé de battre ! Tout est fini !...



Une colère qui va le pousser à poursuivre la lutte contre Caméléon, l'entraînant de nouveau dans une traque pleine de dynamisme située dans des environnements toujours propices comme avec la ville fictive de Ryou-sur-mer (Côte-d'Azur) avec son casino. Un chapitre qui lancera Ric dans une nouvelle poursuite, mais cette fois-ci contre un hélicoptère auquel il va s'accrocher avec toute sa hargne. Un moment symbolique illustrant la fameuse couverture de cet album. Une périlleuse action qui débouchera sur une confrontation en bordure de falaise imprégnée d'une aura inquiétante digne de Clouzot, sur une confrontation digne de Melville. Vous l'aurez compris, on ne s'ennuie pas une seconde. Que de surprises, que de surprises, jusqu'à la virevolte finale. Une conclusion qui ne tournera pas autour d'une action tendue à l'image de ce qui fut tout du long proposée, mais d'une investigation énigmatique avec un mystère à découvrir à Saint-Vallin (Lyon), dans un château de l'avenue Joseph Niepce, où survient un véritable retournement de situation qui va prendre à revers le tourneur de pages, qui depuis le début participe à une intrigue savamment diluée par une constante mouvance autant dans le rythme que le genre proposé. Un scénario généreux dans sa forme qui dans sa finition à le mérite de prendre son lecteur à contre-pied, mais le démérite de l'achever trop rapidement.


Un mystère sous tension animé par ses nombreux personnages qui sont savamment exposés autant dans le fond que la forme. Que ce soit Ric Hochet, commissaire Bourdon, Ledru, Vincent Pottier, Monsieur de Thièvres, Roberto Gomez, Fred Breton, Amaroussian... chacun bénéficie d'une attention scénaristique satisfaisante de Duchâteau, ainsi que d'un appréciable coup de crayon détaillé de Tibet, que les superbes environnements de Mittéi viennent englober. Techniquement on se régale avec une conception visuelle de qualité dans l'élaboration de la mise en image. Une composition adroite du cadre qui offre des plans en contreplonger saisissant comme lors de la page d'ouverture dans laquelle on expose par un oeil astucieux de la vignette, Ric faisant preuve de bravoure en récupérant l'aéroplane du petit Jeannot coincé sur la balustrade de son immeuble situé dans une rue calme de Paris. Une approche graphique qui sera reproduite à plusieurs reprises pour un résultat positif permettant d'offrir au lecteur une vitalité de style, d'ambiance et de mouvance. Les cases prennent vie pour offrir un album nuancé dont on se régale de cette vieille France nostalgique.



CONCLUSION :



L'Ombre de Caméléon du duo emblématique Gilbert Gascard, dit ''Tibet'' et André-Paul Duchâteau, rejoint par Jean Mariette, dit "Mittéi", est un quatrième album haletant autour duquel s'articule un récit dense à l'origine de nombreuses cascades articulées autour d'un suspense palpable. Une bande dessinée ingénieuse dans sa conception du cadre qui vient agrémenter les nombreux décors que compose cette nouvelle enquête qui va mettre à mal Ric Hochet devant son ennemi original " Caméléon ".


Un tome quatre qui aurait pu être parfait avec son contraste carcéral fascinant, s'il avait daigné davantage exposer ses moments les plus forts. M'enfin le plaisir reste entier !




  • Caméléon !

  • Ha ! Ha ! Comme on se retrouve Ric Hochet ! Maintenant on va régler nos comptes définitivement !


Créée

le 1 juin 2022

Critique lue 130 fois

17 j'aime

18 commentaires

Critique lue 130 fois

17
18

D'autres avis sur L'Ombre de Caméléon - Ric Hochet, tome 4

L'Ombre de Caméléon - Ric Hochet, tome 4
Ugly
10

Un ennemi tenace

Dans la BD franco-belge de la grande époque, dans beaucoup de grandes séries, le héros affrontait un méchant à sa mesure, souvent machiavélique, extrêmement intelligent et redoutable, voire coriace,...

Par

le 8 oct. 2020

9 j'aime

4

L'Ombre de Caméléon - Ric Hochet, tome 4
AMCHI
8

Ric va jouer du Hochet en prison...

Malheur, horreur l'honnête et valeureux Ric Hochet est envoyé derrière les barreaux au début de cet album mais ce n'est pas une erreur judiciaire car il se porte volontaire pour écrire un article sur...

le 4 juin 2020

3 j'aime

7

L'Ombre de Caméléon - Ric Hochet, tome 4
Molloch
7

Belmondo? Roger Moore? Ric Hochet!!

Aprés avoir lu des tomes publiés dans les années 80, revenir aux premières aventures du journaliste de "La Rafale" se révèle intéressant. Ric Hochet est un personnage qui vieillit. Traits, coupe de...

le 11 août 2015

1 j'aime

Du même critique

Joker
B_Jérémy
10

INCROYABLE !!!

La vie est une comédie dont il vaut mieux rire. Sage, le sourire est sensible ; Fou, le rire est insensible, la seule différence entre un fou rire et un rire fou, c’est la camisole ! Avec le Joker...

le 5 oct. 2019

170 j'aime

140

Mourir peut attendre
B_Jérémy
8

...Il était une fin !

Quel crime ai-je commis avant de naître pour n'avoir inspiré d'amour à personne. Dès ma naissance étais-je donc un vieux débris destiné à échouer sur une grève aride. Je retrouve en mon âme les...

le 7 oct. 2021

132 j'aime

121