Hommes à la mer
7.1
Hommes à la mer

BD franco-belge de Riff Reb's (2014)

Riffs Reb’s a frappé fort avec ses adaptations littéraires maritimes « A bord de l’étoile matutine » et « Le loup des mers ». Le voilà qui referme ce triptyque avec « Hommes à la mer ». Ce n’est pas un roman qui est cette fois adapté, mais huit nouvelles. On y voit passer Edgar Allan Poe, Robert Louis Stevenson, Jack London, Pierre Mac Orlan… Le tout est publié chez Soleil, dans la collection Noctambule pour plus de 100 pages.

Le fait de choisir des nouvelles d’auteurs différents est à la fois un défaut et une qualité. Ainsi, les styles sont très différents, aussi bien au niveau littéraire (que l’on retrouve dans les narrations) que dans les sujets (même si la mer reste évidemment le dénominateur commun). Du coup, le lecteur est un peu remué entre nouvelles fantastiques, d’humour noir ou tragiques. Même chose pour les ambiances qui nous font passer du Pôle Sud aux Caraïbes en passant par les côtes norvégiennes.

Cette diversité permet au lecteur de profiter de différentes facettes du récit de la mer. Ainsi, certaines nouvelles font la part belle aux dialogues et au vocabulaire des marins. D’autres ne sont faits que d’une narration accompagnant les dessins de l’auteur. Ainsi, immanquablement, le lecteur sera transporté par certains passages et beaucoup plus indifférent à d’autres. Ce manque de cohérence (et non de qualité) est dommageable.

Au-delà de ces réserves, on retrouve tout le talent de l’auteur. Graphiquement, c’est splendide. Impossible de rester indifférent devant ces planches où les éléments se déchaînent. Riff Reb’s excelle aussi bien dans les décors de côtes déchirés, dans la représentation de la mer en tant que tel que dans les gueules de ses marins. C’est une véritable claque visuelle qui nous est proposé avec un auteur en pleine possession de ses moyens. Les ouvrages de ce triptyque sont parmi les plus impressionnants que j’ai pu lire.

En plus du trait, c’est l’ambiance qui est formidable. Colorisant les cases en monochrome (plus rarement en bichromie), Riffs Reb’s renforce l’atmosphère. Chaque nouvelle possède ainsi sa couleur (comme chaque chapitre possédait sa couleur précédemment). Mais le trait derrière est riche et la mise en scène formidable. Riff Reb’s est bien au-delà de la simple illustration, la variation des plans et la fluidité de l’ensemble sont toujours au rendez-vous.

« Hommes à la mer » conclue donc ce triptyque marin de haute volée. Moins percutant puisque basé sur plusieurs nouvelles, il n’en reste pas moins intéressant de par la variété des histoires proposées. Si vous avez succombé au charme et à la puissance des histoires maritimes de Riff Reb’s, il n’y a pas à hésiter.
belzaran
7
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le 25 févr. 2015

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belzaran

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