Happy
6.6
Happy

Comics de Grant Morrison et Darick Robertson (2012)

Forcément, lorsque je vois une nouveauté estampillée Grant Morrison, je ne me pose jamais la question : « Je l’achète ou non ? » C’est achat obligatoire d’entrée, et seulement une fois à la maison, je regarde de quoi cela parle, de quoi cela à l’air. Et on est de suite frappé par l’énorme titre « Happy » coloré qui s’oppose à cet homme qui semble au bout du rouleau sur cette couverture blanche immaculée.

Nick Sax est un ex-flic ripou, qui a sombré dans l’alcool et s’est reconverti en tueur à gages. Lorsqu’un de ses contrats, tourne mal, il se retrouve avec une balle dans le bras, les flics et la mafia sur le dos… et il doit poursuivre un horrible tueur d’enfants grimé en Père Noël ! Il pensait que son monde avait viré au cauchemar, jusqu’au moment où une licorne bleue lui apparaît. Et c’est là que les ennuis commencent vraiment pour lui…

Nous suivons donc Nick Sax, ex-flic, devenu tueur à gage, alcoolique, drogué, désabusé, avec un look de clodo, mal rasé, mal coiffé, un poil enrobé. Bref, le genre de mec que la vie a fait sombrer et qui sent le caniveau. L’histoire commence sur un de ses contrats. Trois types à descendre, mais tout ne va pas se passer comme prévu. Malgré le fait qu’il va apprendre le mot de passe d’un coffre-fort de la pègre, il va être blessé et se retrouver dans un hôpital de la pègre, sur le point de se faire torturer, car le grand mafieux de l’histoire veut le voir souffrir avant de le faire tuer !

C’est à ce moment qu’apparaît… Happy ! Licorne miniature et bleue qui parle…Happy est l’ami imaginaire d’une petite fille, Hailey, et Nick Sax est le seul autre humain à pouvoir le voir également. Happy a besoin de Nick pour sauver Hailey. La petite fille est aux mains d’un Père Noël pédophile, et Happy sait que Nick est la seule personne qui peut accomplir cette tâche. Le souci c’est que Nick pense être trop bourré, ou d’avoir une tumeur au cerveau pour expliquer l’apparition de cette excentrique animal. Cependant, Happy va permettre à Nick de s’enfuir de l’hôpital, puis va l’aider à tricher au poker en échange de son aide. Mais qui dit ami imaginaire, dit personnage crédule ne croyant qu’à la bonté et aux bons sentiments. Et Nick ne croyant toujours pas en lui, décide de le planter sur place et de quitter la ville pour sauver sa peau. Happy va alors, au détour d’un wagon de train, découvrir toute la médiocrité de la vie humaine et va en rajouter une couche sur les épaules de Nick en lui faisant une révélation des plus surprenantes avant de disparaître…

Graphiquement c’est très ombre, collant au mieux à l’ambiance sale, vulgaire (très vulgaire) et très noire mise en place par Grant Morrison. Si l’ambiance est là, les décors aussi, je suis moins fan des personnages, hormis quelques exceptions, ils font lisses. En opposition à cette noirceur plutôt réaliste, on a Happy dans un style purement cartoony et coloré ! Vraiment une belle façon pour Darick Robertson pour nous montrer que Happy diffère du monde réel et provient de l’imagination. Enfin, peut-être…

Belle histoire, bien qu’un peu trop vulgaire par moment, ce n’est pas toujours nécessaire. Les personnages sont touchants dans leur médiocrité, chacun lutte comme il peut pour se sortir de la merde. Et il suffit, des fois, d’une simple petite révélation pour que tout d’un coup la vie prenne une autre direction, un autre chemin. Happy est un merveilleux petit personnage, drôle, plein de joie, toujours à causer, il me rappelle un peu l’Âne dans Shrek.
Quelques raccourcis, quelques facilités, mais rien qui n’entache la lecture de cette histoire. Un méchant qui cache le haut de son visage comme dans Inspecteur Gadget, une inspectrice prise à la gorge, un bourreau fan de son métier et sadique à souhait, un tordu fan d’insectes et de prostitués, un Père Noël dépeint comme le grand méchant qui n’est au final qu’un feu de paille. Les personnages, comme souvent avec Morrison, sont d’une grande réussite, avec leur caractère, leur passé, même sur un titre comme Happy avec seulement quatre chapitres.
Beau travail aussi que les quelques pages flasback avec des scènes et des répliques pêlemêle pour, en un cours instant, mais de façon très réussis à nous expliquer le pourquoi du comment de cette vie pour Nick Sax.

Bref, Happy est plaisant à lire, on est vite enveloppé par la noirceur qui entoure Nick Sax, mais comme lui, nous sommes captivés peu à peu par la gentillesse, l’humour et l’attachement de Happy. Et comme Nick Sax on finit par y croire et à être… happy !
Romain_Bouvet
7
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le 6 févr. 2014

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Romain Bouvet

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