Disons le d'emblée, je ne suis pas BD. Et après mes déceptions liées à Snuff ou encore à Orgasme, même le nom Palahniuk ne m'aurait pas fait acheter une bande-dessinée dont il aurait écrit le scénario. Non, vraiment, je vous le jure...
Quoi ? Palahniuk a écrit la suite de Fight Club en BD ? Et je ne l'ai pas ?!


Alors oui, j'ai acheté parce que quand même, oser vouloir donner une suite au monument qu'est FC est culotté, suicidaire, masochiste. Et presque certainement raté. Ben oui, quoi. Ce film... Euh pardon, ce livre est devenu l'icône de toute une génération, pour rester, aujourd'hui encore, l'incarnation du mot "culte" par excellence.


Et alors quoi ? Chuck devait se faire de la thune ? Le succès littéraire lui manquait ? S'est il laissé draguer par les sirènes du fan service ?
Sans doute un peu de tout ca... Pourtant... Pourtant cette BD est à mon goût sans nul doute réussie, et ce sous plusieurs aspects :



  • le dessin : parce qu'avant tout, dans ce "livre", ce sont les dessins qui comptent. Le trait vif de Cameron Stewart (que je découvre ici), les multiples et géniales expérimentations visuelles, les couvertures alternatives de la fin magnifiques. Cest truffé d'idées brillantes et innovantes, à mon avis, ce qui peut toutefois nuire au scénario. J'y reviendrai.


  • la sincérité : Fight Club 2 n'est pas une suite au film, ni une suite au livre. Palahniuk montre ici, avec les personnages de l'univers et le retour notamment des groupes de rencontre ou du fameux manoir, que Fight Club est bien son oeuvre et nous offre un aperçu intime de ce qu'a ressenti l'auteur à la suite de l'adaptation cinématographique. Un mélange schizophrène de bonheur (David Fincher n'y est pas pour rien, dans la célébrité littéraire de Palahniuk) et de frustration (apres le film, Palahniuk est devenu en quelques sorte orphelin de son oeuvre phare). Ici Palahniuk le dit : "Fight Club, cest à moi bordel de nom de Dieu !"
    Bon ok, il le dit pas vraiment. Mais il aurait pu...



Bref, il en fait ce qu'il veut.
Liberté de ton, dessins géniaux, rythme rapide et moults emberlificotages temporels ou mises en abîme (Palahniuk apparaît à plusieurs reprises tout au long du récit), FC2 devient tout de même, disons le clairement, brouillon. Et c'est là que les pages "atterrissage d'urgence" prennent tout leur sens (pages repères, dispersées dans la BD, pour résumer succinctement ce que vous n'avez pas pigé précédemment). Sans elles, difficile d'y comprendre quelque chose à la première lecture...


Deuxième critique - et c'est récurrent avec Palahniuk, lisez "Orgasme" pour le comprendre... Ou pas d'ailleurs - il fait dans l'exagéré, dans le too much. Les groupes d'enfants-malades-soldats ou encore la fondation pour la réalisation des rêves d'enfants malades, c'en est trop, et c'est dommage car les idées sont critiques et souvent pertinentes.


Bref, ce Palahniuk illustré vaut la peine d'être lu - et surtout d'être vu, vu la qualité des dessins. N'y cherchez pas une suite, mais une thérapie de l'auteur pour se réapproprier SON oeuvre culte.
Vous avez mal au crâne ? Passez votre chemin.

Mr_Wilkes
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le 27 juin 2016

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Mr_Wilkes

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