beeuh beeuh, t'façon la science c'est d'la merde. (TG)

Et voilà c'est fini... et franchement ben c'était super bien ! Peut-être que je sur-évalue légèrement le manga qui n'est pas parfait, mais c'est tellement rare d'avoir des œuvres si optimiste et qui véhiculent un espoir immense sur l'avenir de l'humanité que ça fait chaud au coeur. Je ne peux m'empêcher de valoriser Dr. Stone.

De mémoire, je crois bien que c'est le premier manga dont je lis le premier chapitre à sa sortie et que je suis jusqu'à sa fin. Et c'est vrai qu'à aucun moment il ne m'a traversé l'esprit de l'arrêter en cours de route comme c'est souvent le cas. Le manga reste captivant tout du long, avec certes quelques longueurs et quelques passages moins intéressants, mais dans l'ensemble on prend beaucoup de plaisir à suivre les tribulations de cette équipe hétéroclite de scientifiques en herbe (et d'apprendre avec eux !).

Et c'est très bien géré dans le manga. Riichiro Inagaki réussi à nous pondre un shonen où les valeurs de l'amitié et de l'entraide entre des personnes n'ayant que peu de traits en commun sont une des plus grande force de notre monde (gnagnagna plus niais tu meurs), sont en effet au premier plan, mais jamais explicitées, et ça, ça fait un putain de bien. Ce que je veux dire c'est que les personnages n'ont pas besoin de le dire que l'amitié c'est super, ça transpire dans la narration et les dessins (comme dans tout les neketsu), donc on a enfin quelqu'un qui saute les passages insupportables ''l'amitié vaincra n'importe quel obstacle !'' (beuuurk). C'est même un peu la source d'un gag reçurent avec Senku qui se contrefout de toutes ces valeurs et qui ne jure que par l'efficacité du travail et les résultats finaux.

C'était pourtant assez cavalier comme façon de faire. Le début hapait le lecteur dans l'histoire mais assez rapidement, le risque de tomber dans la répétition en terme de narration se fait ressentir. On est un peu toujours sur ce même schéma de -avoir un problème -avoir une idée - trouver de la mains d'œuvre - chercher des matériaux - contruire - être content - et rebelote. Mais au final, c'est un peu redondant mais assez fluide et parsemé d'intrigues qui cassent un peu la réitération du même schéma.

De plus, avec un début plongé en pleine dystopie, l'originalité n'était pas au rendez vous. Mais Riichiro Inagaki prend une direction inattendue en axant son récit sur la joie et la croyance en une humanité qui réussira à devenir responsable. Presque du jamais vu. Les premiers arcs se basent sur ces réflexions, d'une humanité bonne à s'éteindre ou à être sauvée ? Riichiro Inagaki nous le dit, croyons en l'humanité et cessons de nous cacher derrière des excuses lâches d'abandon. Et c'est exprimé sans aucun mépris, j'y ressens une chaleur bienveillante extrêmement bienvenue. Et le levier pour transmettre tout ça, c'est la science.

C'est une idée que j'aime beaucoup aussi, le fait qu'avec la science on peut arriver à tout, même à du beau (surtout à du beau). La formulation fétiche du professeur Xeno, "la science est élégante'' (et ses variantes), est une maxime très éloquente que j'adore. La science provoque autant d'émotions que l'art, et je trouve ça excellent d'en faire un sujet à part entière, encore une fois, traité subtilement. Si effectivement la science peut provoquer des horreurs, elle peut également créer des bouleversements formidables. Sachons l'exploiter à bon escient.

La fin est plutôt sympa, quelques réflexions assez intéressantes, non pas que ça vole bien haut mais n'oublions pas que c'est écrit pour un public adolescent, et de se fait, Riichiro Inagaki termine son histoire de manière parfaitement maîtrisée.

Et comment ne pas parler du dessin ? Boichi à la barre, pour une parution hebdomadaire pourtant inhabituelle pour lui, ne démérite pas, ne bâcle à aucun moment ses planches et se permet même de dessiner des spin off de Dr. Stone et des chapitres de One Piece en même temps, à se demander s'il lui arrive de dormir, manger ou se masturber.

Je me souviens d'expressions (de visages) de personnages comme Senku ou Gen en début de parution qui sont excellentes, originales et drôles. J'aime tout particulièrement les dessins de Boichi (dans toutes ses réalisations) qui sont à un juste milieu de la caricature exagérée et du dessin réaliste. Il joue tantôt avec des gros aplats noirs et blancs pour créer des contrastes élevés, tantôt avec des traits d'une finesse et d'une précision nonchalante assez déconcertante.

D'aucuns lui reproche d'utiliser des photographies pour certains décors et je dois avouer que ça arrive que le contraste avec le dessin ce fait parfois ressentir, mais dans l'ensemble, ça passe très très bien. Les derniers chapitres sont d'une beauté ahurissante. Les techniques de dessin évoluent et Boichi se familiarise avec les outils numériques qu'il mêle à ses dessins. Je suis resté médusé (lol, médusé, la pierre, on se bidone ici) devant certaines planches des derniers chapitres. Il ne faut pas croire que parce qu'il y a moins de dessins à proprement parler, que le travail fourni en est moins conséquent.

Vraiment, dans les dernières planches s'y trouve les meilleures de Boichi, équivalentes à beaucoup de Sun-Ken Rock (qui niveau dessin surclasse quand même Dr. Stone). Les planches sont à l'image du récit : extrêmement lumineuses. Pleines d'espoir. Même à la fin où elles sont littéralement noires, la lumière jaillit de chaque planche et transperce notre sombre perception.

On pourra dire que Dr. Stone est utopiste à l'extrême, oui, mais ça en reste très beau. C'est un manga que je ne rechignerai pas à relire, et c'est assez rare pour être souligné.