Sous-titré « les dessous du genre et de la pop-culture ». Et pourquoi pas. Toute fiction est à la fois le reflet de son société et en même temps un moyen d’action pour la changer. Il faut donc l’analyser pour mieux la comprendre. Et dans la pop-culture, il y a tout de même de grands problèmes de représentations.


Si je ne vous apprends rien, c’est bien.


Mais le livre de Mirion Malle échoue et réussit. Comment ? C’est très simple.


En simplifiant, la bande dessinée documentaire se divisent entre œuvres de fiction commentées et thématiques sociologiques. Pour prendre un exemple, son développement de la culture du viol dans notre société au sein des créations fictionnelles est clair : il dénonce mais il explique aussi. C’est fait avec des exemples, de l’humour et aussi en prenant en compte les arguments employés contre ce thème pour mieux les déjouer. D’autres chapitres s’intéressent à des thèmes moins courants, comme la représentation des valeurs féminines, et c’est très intéressant.


A ce niveau de la lecture, vous aurez probablement compris que l’auteur est féministe, une qualité en soi, mais elle s’intéresse aussi à toute les formes de représentations sociétales. Et c’est notamment ce qui biaise son œil dans ses commentaires de différentes œuvres de fiction. En résumé, peu trouvent grâce à ses yeux dans ce recueil (sur son site c’est plus vaste), Obvious child étant presque l’exception.


Elle traque non seulement le rôle des femmes, leurs relations, leurs comportements, mais aussi la place des autres groupes sociaux. Une blague sur les gros, et le film, par exemple, est accusé de grossophobie, une autre sur les homosexuels et c’est homophobe. Et à chaque fois la même rengaine, il y a trop de hétéro blanc cisgenre. C’est presque une blague.


Évidemment qu’une meilleure diversité est toujours souhaitable. Mais il faut aussi veiller à ne pas tomber dans l’excès. Ne pas partir en chasse. Une mauvaise blague signifie aussi que le personnage qui le dit est un sale type, pas que l’œuvre encourage une discrimination. C’est aussi un problème de point de vue : l’auteur commente un certain nombre de teen-movie, et le genre reflète aussi un état d’âme adolescent un peu grossier. Enfin, ce n’est pas la peine de chercher à chaque fois quelle catégorie il manquerait quand le sujet du film ne s’y prête pas. Que Game of Thrones n’incorpore pas de transgenres peut quand même se comprendre. La diversité de la représentation ce n’est pas qu’une question de cases à cocher.


De plus, à force de vouloir mettre en avant de nouvelles normes Mirion Malle semble vouloir réduire ce genre de créations à un certain état d’esprit. Alors que le cinéma ou les séries télévisées doivent faire preuve de mauvais esprit, de s’accorder un peu de marges. Tout policer pour tous les futurs films rétrécirait les possibilités, et le cinéma a tout à fait le droit d’être lui aussi sale gosse par moments. Ça n’en ferait pas forcément une preuve de l’antiféminisme de ce milieu.


Que chaque œuvre soit analysée sous se prisme évide celle-ci d’autres de ses intérêts. L’intérêt d’un film ou d’une série télévisée ne dépend pas que de ses personnages et de la diversité de ceux-ci. Il y a aussi un enrobage, une manière de faire qui donne une personnalité. Dans ce livre, il n’y a que peu de considérations sur la bande-son, et encore moins sur la réalisation. La caution artistique n’existe pas. Le jugement de valeur n’intervient que sur les personnages et en second lieu du scénario. Tout n’est qu’une histoire de cases à cocher selon Mirion Malle, sur un angle inquisiteur qui préfère oublier que l’intérêt d’un film ou d’une série n’est pas qu’une histoire de représentations.


Enfin, c’est parfois confus. Il y a des points qui ne sont pas clairs, qui font ressortir les peines de l’auteur à justifier ses propos. Et d’autres qui sont annoncés comme des vérités mais qui apparaissent comme des opinions. La démonstration est parfois laborieuse, parfois biaisée.


La préface est signée de Mar_Lard. Elle avait lancé un pavé dans la mare en s’attaquant au sexisme dans les jeux vidéo, et c’était une critique bienvenue. Mais le texte ici signé est agressif, d’un féminisme revendicatif et accusateur. Ce n’est pas la meilleure entrée en matière pour un livre qui apporte malgré tout un peu plus de nuances. Il est très bon pour ce qui est d’évoquer des problèmes communs. Certaines pages sont nécessaires. Mais dès qu’il utilise la loupe sur telle ou telle fiction, c’est le plus souvent une catastrophe. Un commentaire vidé de sa pertinence par la grille de lecture appliquée et réutilisée à l’excès. A trop pointer du doigt, on finit par ne plus rien montrer.

SimplySmackkk
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le 7 juil. 2019

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