Noir comme le roc, bleu comme le ciel, blanc comme la glace.

Voilà belle lurette que je ne m'étais pas pris une claque de lecture pareille. Voilà un livre qui parle de l'amour de la montagne, de la découverte de la grimpe, du dépassement de soi, de paysages magnifique, du parcours d'un enfant élevé par sa mère dans des conditions pas évidentes, dans un cadre rude... et le tout, sans qu'aucune concession ne soit fait au joli.


Car tout est dur dans ce roman graphique. Les gueules, les pentes, les situations, les paysages.


Ailefroide, c'est l'anti-séduction, c'est la montagne dans ce qu'elle a de plus pur, de plus intransigeant, c'est la mort qui s'enrobe de bleu et de blanc, c'est le froid de la température et des sentiments dans les années post soixante grises de province.


Rochette ne lâche rien à la séduction, il donne une tranche de vie autobio sans sombrer dans le sentimentalisme et pourtant, pourtant il y en a de l'émotion dans la perte de ses amis de cordée, dans ses sentiments taiseux pour cette mère intransigeante, pour ce désir d'aller plus haut, d'être le meilleur ou les meilleurs, dans cette fraternité de l'escalade...


Rochette raconte son parcours, celui d'un ado pas fort en cours qui va chercher la voie pour sortir de son trou de vallée. Un temps la grimpe, ce sera finalement le dessin qui le sortira de là, mais en attendant, quel parcours, quelles montées, quel paysage.


La couleur est surtout dans les ciels, le reste est surtout le noir des précipices, le blanc des cimes et le gris des villes et de la vie. L'effet n'en est que plus fort.


Dessinateur du Transperceneige, création de Lob un peu pompée de la compagnie des glaces, mais aussi auteur d'Edmond le cochon. Il est depuis une dizaine d'année peintre, construisant une oeuvre dédiée à la montagne, aux limites de l'abstraction et, ici, on retrouve sa science et son amour des cîmes.


Il est possible que certains trouvent ce récit trop dur, de fait, il l'est.


Mais quelle puissance.


On me fait fort justement remarquer que j'ai oublié de citer le co-scénariste, Olivier Bocquet, et c'est un tort, car il a dû être plus que nécessaire pour accoucher cette histoire intime et universelle à la fois. Big up à lui, donc.

CapitaineNemo
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le 9 mai 2018

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