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Le retard
5.6
Le retard

BD franco-belge de Barbara Yelin (2006)

Quinze années après leur dernière rencontre, cinq anciens compagnons d'études renouent, le temps d'un week-end, leur ancienne amitié en jachère. Un rendez-vous dans cette maison de campagne qui les a vus grandir, chez Jean, instigateur des retrouvailles. Mais leur hôte est en retard. Avec l'attente, les souvenirs reviennent doucement à la surface, les langues se délient et petit à petit les âmes s'ouvrent...

Je me faisais une joie de lire cette bande dessinée tant on me l'avait vantée et la déception est d'autant plus forte. Un seul mot réussit finalement à bien résumer mon état d'esprit à la fermeture de l'album : ennui. Je m'attendais à un exquis portrait de groupe, un aigre-doux dans la veine des meilleurs Jaoui-Bacri ou du cultissime Mes meilleurs copains. Las ! Le retard n'offre qu'un goût à peine acidulé, dilué dans de trop mornes longueurs.

C'est, avant tout, affaire de subjectivité. Aussi, je n'en tiens pas complètement rigueur à l'auteure. Au chapitre des intentions, je pense même que ce traitement narratif est délibéré et elle me semble avoir atteint son but en étirant les silences et multipliant les poses muettes. À savoir, donner tout le temps nécessaire à chacun de ses personnages pour laisser remonter les idéaux du passé et les confronter aux renoncements du présent. Installer ainsi un premier climat de mélancolie profonde, puis faire progressivement poindre des tensions où transparaissent regret, amertume et parfois colère. D'aucuns se complairont dans ce huis clos lent et lancinant. Moi, j'ai trouvé ça éminemment statique et austère. De plus, le tableau, peu aidé par quelques situations à l'intérêt mitigé et par des dialogues désespérément creux, se révèle souvent mièvre et pas toujours crédible. La monotonie est omniprésente, à peine rompue par les quelques trop rares moments de fraicheur que nous apporte la renaissance d'une complicité maladroite entre les protagonistes.

Le graphisme tire dans le même sens. Si le crayonné, très esthétique au demeurant, s'avère plutôt expressif, sa colorisation en revanche, alourdit considérablement l'ensemble. S'il vous plait, arrêtez le gris !

L'oeuvre sombre décidément trop dans la langueur, négligeant un peu l'introspection psychologique et manquant cruellement de légèreté. Désolé, j'aime l'équilibre, je ne suis pas la bonne cible. Quant aux autres, essayez quand même d'y jeter un coup d'oeil chez votre libraire, on ne sait jamais...
Sejy
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le 19 août 2011

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Sejy

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