Le petit rien qui fait tout

Un titre impossible à retenir tant il est insensé. Pourtant, vous vous souviendrez l'avoir lu. Comme souvent quand j'ai un coup de cœur, c'est instantané (hum wait, c'est pour ça qu'on dit « coup de cœur » en fait, oui c'est logique), dès les premières pages, je commence à pouffer de rire. Plus j'avance, plus ça enfle. Je finis par contenir tant bien que mal un fou rire, déplacé dans la sacro-sainte ambiance feutrée de la bibliothèque municipale.

Le personnage principal, un propriétaire de magasin de déguisements dépressif, ressemble à ceux qu'incarnait Pierre Richard dans ses films : un looser intergalactique, gentil mais maladroit indécrottable, jusqu'à en être charmant. Mais la férocité de l'humour noir déployé, en particulier dans toute la première moitié du livre, serait plutôt celui d'un Roberto Benigni.

Si je fais ces comparaisons ce n'est pas au hasard. Le Petit Rien Tout Neuf avec un Ventre Jaune a ce quelque chose de daté qui, plutôt que de le rendre has-been, lui donne sa singularité. C'est une histoire de clown triste comme on n'en fait plus, à notre époque où il pourrait sembler à l'observateur nostalgique que l'humour succombe sous les coups d'un fade consensus. Pascal Rabaté y mêle le pathétique à la drôlerie la plus scandaleuse, sans pitié, sans remords, avec la pleine compréhension que le rire est une légèreté salvatrice face au désespoir.

Allez-y, n'ayez pas peur. Vous en ressortirez plus fort.