Lorsqu'on est lecteur ou lectrice de bandes dessinées, en dehors du fait que l'on suit les nouveautés dans les rayons foisonnants des librairies spécialisées (et non pas sur Amazone. N'est-ce pas ?) avec un porte-feuilles à l'agonie et des listes de choses à lire qui grandissent, il arrive que certaines rétrospectives soient nécessaires. Cette semaine, j'ai eu le plaisir de découvrir un chef d'oeuvre en quatre tomes qui avait échappé jusqu'alors à ma vigilance. C'est une honte difficilement assumée et dans l'intérêt de mon karma, j'ai décidé que ça méritait une recommandation toute particulière.


J'avais déjà eu le plaisir de lire le travail de Mathieu Gabella sur la série du Bourreau, plus récente et marquée par une idée originale, celle du justicier masqué médiéval. Quant à Anthony Jean, j'ai découvert son trait sur cette série de La Licorne...
L'histoire prend place pendant la Renaissance, période marquée par les guerres de religions, les complots politiques et les progrès scientifiques, médicaux notamment. Au sein de la profession médicale il existe plusieurs écoles, parmi eux des médecins renommés sont retrouvés morts. Le héros est Ambroise Paré, chirurgien du roi contesté car ses expériences se distinguent des savoirs médicaux que l'école de médecine proposait jusqu'alors. Il découvre qu'il est lui aussi menacé par cette vague de crime, et tout porte à croire que cette épée de Damoclès concerne une ancienne (ou légendaire ?) congrégation. Lorsque ce savant pragmatique se rend compte que ce sont des créatures fantastiques qui lui sauvent la mise, une aventure qui bouscule ses convictions s'annonce.


Du côté du scénario, c'est d'une richesse rare, largement documentée et s'appuyant sur des faits historiques qui donnent au résultat une belle crédibilité. La BD historique se déforme de quelques touches d'ingrédients fantastiques, et cela en fait toute l'originalité. Partir de personnages réels pour déformer leur réalité est un exercice dangereux (qui risque toujours d'en froissé un, ou d'arracher un sourire en coin dédaigneux à un autre) et pourtant c'est équilibré, juste ce qu'il fallait pour qu'on se prenne au jeu.
En ce qui concerne le dessin d'Anthony Jean, il porte à merveille cette ambiance sombre et mystérieuse, la couverture qui ne passe pas inaperçue en rayon reflète bien le travail que l'on retrouve sur les planches. Graphiquement, c'est un travail d'orfèvre.
Bref, à l'image d'Alice dans le terrier de Lewis Caroll, le lecteur tombe dedans et est captivé par un invraisemblable qui ne lui a jamais paru si vraisemblable. Le rêve était beau, et le réveil s'annonce difficile.

Dans le cas où ce duo artistique vous aurait déjà conquis, un album Conan vu par Gabella et Jean est attendu pour la fin de l'année. Et avec impatience !

Mawelle
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le 25 juin 2018

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Mawelle

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