Three-Oh-Five, We in the House

This what you made me /
Carol City raised me

Alors que TA1300, sorti l'année dernière tourne encore dans ma playlist, Denzel Curry prend le temps de dévoiler son quatrième opus, entre tournée des stades avec Billie Eilish et concert/combat de catch avec ses homies new-yorkais de Flatbush Zombie.

Prendre le temps, c'est un bien grand mot, tant ZUU est compact et nerveux. 29 minutes de bangers et de skits, pour certaines déjà mythiques (YOO) pour un album hommage à ses origines : Carol City, Miami Gardens, Florida, US of fuckin' A.

Là où son précédent (excellent) projet était le fruit de l'introspection et donc de l'environnement mental de son artiste, ZUU est son pendant extérieur. Et dans ce sens où, il constitue un instantané sur le hood de Zultron, il pourra laisser ceux qui l'avaient découvert sur TA1300 à la porte de son univers.
Car ce projet est bien celui fait par un mec de Carol, pour les mecs de Carol, avec les mecs de Carol. Avec Ice Million Berg et l'O.G Rick Ross à la tracklist notamment, il ne pouvait de toute façon tromper personne.

On retrouve le duo australien FnZ sur la majorité des prods et le moins que l'on puisse dire est qu'ils adhèrent et comprennent le projet mené par Denzel. Lui qui avait déclaré en interview sur Genius que dans la démarche, il souhaitait chroniquer la vie de sa ville comme son ainé Dr Dre l'avait brillamment fait sur ... The Chronic pour LA. Bien évidemment, l'ambition n'est pas la même sur cet album mais l'on comprendra aisément la démarche et le résultat, fidèle à ses racines.

C'est bien simple, avant Speedboat , second sigle de l'album accompagné d'un clip plutôt explicite, cela faisait depuis GTA Vice City ou plus récemment, le dernier match de Dwyane Wade en carrière que je ne m'étais plus retrouvé devant une oeuvre à penser "bordel, ouais ! ça c'est Miami !".
L'intro ZUU annonce la couleur de l'album, RICKY revient aux bases, celles des parents et celles du sport local : le combat mains nues dans les arrières cours dont la tradition est dépeinte dans le docu Dawg Fight, et dans lequel apparaît notamment le défunt frère de Denzel à qui il rendra un hommage dans l'album.

Toutes les tracks transpirent Miami par tous les pores et on se surprendra même à être hypé devant le "Mayback Music" placé en intro du couplet de Rick Ross sur BIRDZ, ballade ornithophile à écouter au volant d'un lowrider aux couleurs des Marlins pour en apprécier la quintessence. C'est la seconde collaboration entre les deux MCs après Knotty Head sur Imperial.

On en viendra presque à s'ennuyer à mi-album sur AUTOMATIC, un brin convenue avant deux excellentes interludes, BUSHY B chantée et YOO et une dernière partie d'album réussie, entre tracks biographiques en feat avec les mecs du coin sur CAROLMART, futurs hymnes de strip-club (SHAKE 88) et une dernière track dans la tradition hardcore du 'Zel avec P.A.T. Et bien évidemment, l'une des punchlines de l'album assurément que je vous laisse apprécier, mais que j'encourage surtout à écouter dans les conditions du réel :

Contact, sit out, I’ma hold the fort / All black, sticks out like I'm Voldemort

Pour ceux qui resteront hermétiques à l'album, ce sera compréhensible. Moi même, ni combattant de rue et n'ayant jamais foutu les pieds à Miami, j'aurais pu l'être et cela aurait été presque logique. Pour les autres, c'est une bénédiction de retrouver celui qui a marqué de son empreinte la nouvelle génération du rap US sur Imperial et dévoilé une facette plus intime de sa personne sur TA1300. Car ce ZUU représente Denzel. Parce que derrière ses airs énervés, il nous fait comprendre subtilement la tristesse de quitter son quartier pour la côte ouest faire le deuil d'un proche, et la force de revenir pour montrer son amour à sa ville malgré tout.

Le rendez-vous est pris pour la tournée. Peace out 305 !