Wallace
6.6
Wallace

Album de Naive New Beaters (2009)

Les albums sont également uniques quand ils sont indissociables d’une époque, de son contexte, d’un vécu bien vécu imagé, passant à vitesse grand "v". Les années collège, le relent de laisser-aller, la paresse toute complexée du trop plein de sentiments ridiculement touchants. J’y étais en plein dedans, marchant au rythme des notes de cette super découverte, quasi plein d’égo d’avoir déniché ce truc là spécialement conçu pour épater les copains à son écoute, tout fier et pimpant avec des écouteurs Philips bon marché, mon iPod Sony noir très préhistorique, “Get Love”, son dynamisme, son enthousiasme.
Cette incertitude, ce fouillis de pensées, c’était aussi l’état de la caboche des Naive New Beaters quand on regardait leur premiers live, que le présentateur annonçait juste avant que ces derniers cherchaient toujours un label, pour continuer leur bout de chemin. Alors sur certains morceaux planent ce doute, désabusés, petit spleen tout parisien de vie sans boulot, d’errements. C’est contagieux ça vous prend vous aussi, pleins d’inquiétude, d’un coup, pour rien, sur Live Good. Qu’est-ce qui vient après l’adolescence ? Pourquoi tout passe si vite ? Où donc se précipite-t-on ? Pour quoi faire ... ? Sur Dual Income No Kid: À quoi bon grandir, à quoi bon répéter la même histoire de père en fils, métro-boulot-dodo et rien d’autre … ? Peut être bien.
Mais il fallait forcément un brin d’enchantement, de la fantaisie pour épargner l’album d’une platitude morose: le morceau Janeiro avec son image d’élan jaune déguisé dans le métro parisien. Une bouffée d’air frais, au milieu de gros cons aigris d’un métro bien connu pour sa joie de vivre, et c’est d’ailleurs le gros coup de coeur de l’album. La joie est toujours intacte quand on le réécoute bien plus tard.
La montée en puissance de The Last Badaboum n’a absolument rien perdu d’entraînant, ni la piste surprise de toute fin, la mayonnaise continue de prendre. Prends en de la graine Amora.
Cet album est si immédiat parce qu’il combine avec précision une étrange union des Strokes et des Ratatat, ce qui avait tout pour plaire à un pré-ado assez limité musicalement encore … C’est encore plus évident quand on réécoute la galette 6 ans plus tard. La satisfaction demeure, les images avec, c’est un coup de coeur qui dure, j’serai bien incapable de lui mettre un 7 en me revoyant dans tout ce fatras collégien, et pourtant cet album n’est pas parfait, juste beau, sans prétention, mélodieux à souhait. C’est un bien joli sentiment de voir que l’une des premières galettes qu’on découvre confirme l'impression d’alors. On se revoit tout vivre. Ce serait un peu écorcher Proust que de comparer sa madeleine avec Wallace, et pourtant je le fais quand même hahah ...
Je n’avais jamais été aussi content de cette époque, jamais autant été aussi content de chiper le répertoire de l’IPod de mon grand-frère.

Bohort
8
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le 18 août 2018

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