Damien Saez n’est pas Brel et il faut à tout prix éviter l’analyse de son triple album à travers le prisme de l’œuvre monumentale de ce dernier. Qu’il s’en revendique ou non, la comparaison ne pourrait que le desservir.
Loin de sa rugissante folie habituelle, de sa rage maniaco-dépressive, Saez pose ses valises le temps d’une parenthèse acoustique.
OUI, l’influence du grand belge est palpable. Plus subtile, l’ombre de Cantat plane sur certains textes et tics de langage de Damien.
MAIS c’est de Saez qu’il est question ici, de son cœur ouvert, exposé sans fard à un monde qui l’effraie autant qu’il le rebute. Qu’il aime pourtant, le temps d’une pensée nostalgique, d’un accord révolté.
Damien grattouille sa guitare, murmure son mal-être, susurre sa triste poésie et se livre plus que jamais.
Tout n’est pas parfait, loin s’en faut, le propre des œuvres autobiographiques, condamnées à ne satisfaire pleinement que leur auteur. Mais la sincérité transpire de chaque note, de chaque phrase. Textes travaillés, mélodies simples mais souvent bouleversantes (« que tout est noir »). Posément, sans artifice, le doute s’installe et le spleen s’empare du sceptique.
Les thèmes chers à l’artiste reviennent encore et encore, répétitivité assumée. Le malheureux ressasse sans fin ses névroses pour mieux s’en libérer, partager son fardeau.
Saez ne crie plus. Ses mots, pourtant, résonnent longtemps après leur passage, troublent durablement le calme de l’âme, titillent l’esprit, bousculent les sens.
Un album différent, condamné à une distribution limitée, mélancolique, puissant, contemplatif, humain.
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