The Phantom Agony
7.2
The Phantom Agony

Album de Epica (2003)

Dans la grande famille du metal symphonique, demandez Epica, et vous ne serez pas déçus. Epica, pour les incultes, c'est Nightwish sans le côté power-frais et rapide, c'est une orchestration bien maîtrisée avec des chœurs majestueux, une guitare aux riffs bien lourds, et le chant lyrique de mezzo-soprano de la belle rousse du nom de Simone Simons qui dialogue avec les grunts puissants de Mark Jansen. L'ambiance y est beaucoup plus sombre et mélancolique.

Epica vient des Pays-Bas, une contrée qui a depuis accouché un bon nombre de groupes de la scène metal symphonique comme Within Temptation, autre grand groupe, The Gathering, Delain, ou After Forever (dont Mark Jansen, principal compositeur d'Epica fut membre le temps des deux premiers albums).

Ce premier album, intitulé "The Phantom Agony" sort en 2003 et fait tout de suite d'Epica un groupe à part dans le paysage du metal symphonique. On sent d'entrée de jeu la ressemblance avec les deux premiers albums d'After Forever composés par Mark Jansen, mais en moins foutraque, et en plus calculé. La voix de Simone Simons, lyrique à souhait, berce l'oreille pour mieux charmer l'auditeur conquis. On s'étonne de sa clarté, d'une sorte de pureté en contraste total avec les rugissements de Mark Jansen. C'est ici le concept de "la belle et la bête" repris du gothic metal, alternant chant clair et grunts. On est donc bien loin de ces deux premiers albums d'After Forever, pas aussi accrocheurs et convaincants, avec une voix plutôt passable.

L'intro est du genre inquiétant, avec une musique sinistre et des voix d'église qui montent petit à petit en puissance. Puis, on débouche directement sur le magnifique "Sensorium" et son clavier obsédant. Simone s'allie aux guitares pour porter sa complainte lyrique pendant que l'arrière-plan orchestral rend le tout d'autant plus majestueux. Arrive Mark Jansen et ses gros souliers pour un court break pas encore trop furieux. On en sort bouche bée...

Si je devais vous résumer l'essentiel de l'album, je vous parlerai du morceau intitulé "Cry for the Moon". C'est bien certainement aujourd'hui le morceau le plus célèbre du groupe, attendu et chanté en chœur par les fans à chaque concert. C'est un peu le Stairway to Heaven ou le Smells Like Teen Spirit d'Epica. C'est un chant seul et lancinant que suit un refrain accrocheur soutenu par des chœurs puissants. Quand viennent les grunts, on apprécie la rupture et le gain soudain de puissance introduisant d'autant mieux la complainte de Simone qui continue à chanter dans un tourbillon de plus en plus obsédant. On ne s'en lasse pas malgré la répétition des motifs.

On passe ensuite des moments tout aussi forts avec "Feint", une ballade charmante et émouvante, avec quelques morceaux plus que convaincants et l'incroyable "Run for a Fall" aux premières minutes plutôt calmes et reposées qui se transforme petit à petit en déchainement brutal. Car Epica a le don pour créer une musique progressive, pour créer des morceaux qui gagnent petit à petit en puissance, à travers des ambiances diverses jusqu'à une apogée précédant la chute vers le silence.

Et on clos le chapitre par une chanson éponyme. "The Phantom Agony", long morceau de presque dix minutes alterne les ambiances grandioses à coups de chants grégoriens, de chant d'opéra, de grunts violents et d'une orchestration magnifique qui survit à tout le reste de la composition, trois minutes durant, à la fin de la chanson. On est là au point d'orgue de tout ce qu'a tracé jusque là Epica. C'est ambitieux et on finit en beauté... On reprend la même recette que ce que l'on a fait jusqu'ici, mais en plus épique, en plus grandiloquent et c'est ainsi qu'on ponctue un chef-d'œuvre.

Alors bon, ce n'est pas tout public, il faut déjà supporter et apprécier le Metal, mais "The Phantom Agony" fait preuve d'une grande créativité, d'une grande audace dans le mélange des influences. C'est plus profond que tout ce qui se fait dans le genre Metal symphonique, l'ambiance est très travaillée et c'est un pur régal. Notons que Epica saura parfaitement se renouveler et continue encore aujourd'hui à nous offrir des albums d'une qualité et d'une richesse incroyables. Bref, jetez-vous surtout sur ce premier opus et plus si affinités !
King-Jo
10
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le 21 déc. 2011

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King-Jo

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