Peu de films ont finalement des musiques mémorables. On se souvient bien sûr des thèmes de John Williams dans Indiana Jones ou Star Wars, mais finalement, dans l'immensité des bandes originales de musique, peu sortent du lot. Celle du Seigneur des Anneaux, composée par l'excellent Howard Shore, en fait partie. Le choix de ce compositeur, à l'origine, peut paraitre étrange, Howard Shore étant connu pour ses collaborations avec David Cronemberg sur des musiques fantastiques et inquiétantes.


La bande originale du Seigneur des Anneaux présentent plusieurs aspects fascinants : le nombre de thèmes et de motifs musicaux est immense. On se croirait dans la droite lignée de Wagner. Et c'est sans doute une source d'inspiration pour Howard Shore, en particulier L'anneau de Nibelung, qui non seulement partage des caractéristiques musicales communes mais aussi thématiques. On retrouve ainsi des thèmes pour les personnages, mais aussi des thèmes pour leurs relations et des thèmes plus abstraits (comme le mal de l'Anneau par exemple). Cela donne un ensemble subtile, immense, qui se fait constamment écho. Howard Shore d'ailleurs lie ses thèmes entre eux, selon les besoins, permettant ainsi de comprendre l'histoire à la simple écoute du morceau. Parmi cette myriade de thèmes musicaux splendides, celui de l'Anneau, celui de Gollum, celui d'Arwen, ou encore ceux du Rohan et du Gondor (mêlé à celui d'Aragorn) sont mémorables, voire d'une absolue beauté. Certains moments de l'oeuvre, en particulier ici dans ce premier volet axé sur l'aventure et l'exploration sont remarquables, comme la découverte, éblouissante de la cité de Cavenain dans les mines de la Moria, comme celui de l'arrivée à Fondcombe, plein de grâce. On trouvera aussi de l'émotion, comme la mort de Boromir et la disparition de Gandalf, soulignées par des voix cristallines ou encore la folie de Bilbon, un instant, revoyant l'anneau une dernière fois. Il y a tellement d'ambiances différents, de variété, que la bande originale est un régal de bout en bout épousant le film et lui donnant littéralement corps.


La seconde originalité ce sont les usages instrumentaux : une grande place est accordée aux silences, pour relever la tension dramatique de la saga. On trouve aussi tout un tas d'instruments, comme par exemple, l'usage d'instruments orientaux pour les elfes ou de motifs typiquement orientaux. On a beaucoup de variations : large place aux violons, percussion et cuivres pour donner un aspect brillant, martial et épique au film, des musiques plus légères comme celle concernant les Hobbit ou au contraire une dimension angoissante, spécialité du compositeur, lorsque l'on évoque Sauron ou le mal. On trouve aussi des improvisations, atonales, proche même parfois de Ligetti, où les instruments peuvent ainsi créer une atmosphère troublante, ou encore des choeurs et solos de voix d'enfants et de femmes, qui donnent une tonalité mythologique et spirituelle à l'ensemble.


La bande son, dans son ensemble, est d'une richesse inouïe. Outre le travail impressionnant qu'elle représente, elle sert parfaitement le film, lui donnant une dimension d'opéra épique, contribuant, d'une seule écoute, à situer l'univers, un véritable coup de maitre.

Tom_Ab
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le 26 janv. 2015

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