The Downward Spiral peut être écouté comme le premier véritable album de Nine Inch Nails, et à mon avis le meilleur. Pretty Hate Machine n'était pas un mauvais album, mais à bien des égards naïf, lisse, à cheval entre touches new wave, rock et influences de Skinny Puppy juxtaposées, sans maîtrise générale. Broken a pour lui la force manifeste et un style propre, mais n'a pas la profondeur de l'album qui suit.
Presque tout change avec The Downward Spiral. Tout d'abord, aucun morceau n'apparaît comme mineur, aucun ne se détache comme privilégié. Trent Reznor sort d'un mode de composition rock qui nécessiterait de conserver les mêmes sons tout au long de l'album. Ici les timbres des sons existent pour eux même, on pense évidemment à Ruiner et ce son quasi indescriptible de cuivre electrique, dans Reptile (morceau le plus sexuel qu'il m'ait été donné d'écouter), ce sont les râles/gémissements dans lesquels synthés et guitares se relaient. L'album est organique et très dense, l'écoute attentive révèle un nombre indéfinissable de petits sons, couches et effets, le tout servi par une production irréprochable, une véritable prouesse.
The Downward Spiral a également "en négatif" une qualité qui est en fait la maîtrise d'un défaut à mon avis patent et propre à Trent Reznor, qui existait déjà dans Pretty Hate Machine et qui ne s'est jamais vraiment résorbé dans l'oeuvre de Nine Inch Nails. Je veux parler de la qualité lyrique des morceaux. Certes on est pas dans la mièvrerie carrément risible de PHM, et à l'instar de tous ceux qui ont entendu cet album dans leur adolescence, je peux témoigner d'une quasi révélation existentielle. Trent Reznor est toujours aussi simple, sincère, brut voire un peu maladroit, mais dans The Downward Spiral il évite beaucoup des clichés sentimentaux qu'il retrouve dans The Fragile, surement parce que TDS est un album de la noirceur et de la sensation plus que du sentiment, mais une sensation qui ouvre aussi à la problématique existentielle, et cette noirceur sied davantage à Trent Reznor que les bluettes qu'il aborde ailleurs.

The Downward Spiral est puissant, éprouvant, beau et ne laisse pas de marbre (il n'est que de voir les ravages que l'interprétation de Hurt produit dans le public des concerts), ce n'est pas un album de rock, c'est bien davantage, c'est un album qui peut donner une idée du Sublime.
AnZorn
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le 24 déc. 2011

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