Horace Tapscott – The Dark Tree Volume 1 (1990)


Voici le fameux « The Dark Tree » d’Horace Tapscott, il se présente en deux volumes séparés ou sous la forme d’un double Cd, pour ma part je n’ai que le volume un et je n’ai toujours pas écouté le volume deux, malgré tout ce temps écoulé. Il faut dire que la réputation de cet album n’est plus à faire, il est souvent considéré comme étant le meilleur enregistrement du pianiste, bien qu’il existe de merveilleuses sorties par ailleurs.


Le quartet est exceptionnel, John Carter à la clarinette, Horace Tapscott est au piano, Cecil McBee à la basse et Andrew Cyrille à la batterie, rien que les noms alignés sont déjà une éblouissante promesse et, on l’a compris, pas de déception ici, chacun donne le meilleur de lui-même, mais voyons cela.


Ça commence par le morceau titre, « The Dark Tree », une pièce de vingt et une minutes qui s’engage sur un train rapide, et chacun y va de son instrument pour nous décrire cet arbre sombre, cette basse immuable qui creuse énergiquement et s’enfonce dans le sol à la recherche de l’énergie, accompagnée par les frappes d’Andrew dynamiques et puissantes qui apportent les éléments vitaux et essentiels.


Et ce piano fort et robuste comme un tronc qui file haut, bien planté dans le sol, solide et répétitif, les rythmes évoquent la solidité, avec cet aspect central, comme un socle qui maintient, et permet l’élévation vers les branches et les tiges qui s’échappent dans l’air, vers le ciel, là ou souffle les vents de la clarinette, souples et changeants. La pièce est magnifique…


« Sketches of Drunken Mary » est tout aussi excellent, on retrouve cette dynamique puissante et surtout cette créativité continuelle qui puise chez Monk, pour mieux s’en échapper, et creuser vers de nouveau territoires quelques chose qui va plus loin que le simple post bop, incluant la liberté totale née de la « free » musique, particulièrement dans le jeu d’Horace et d’Andrew Cyrille. Mais l’auditeur n’est jamais perdu, plutôt hypnotisé par cette puissante dynamique.


Il faut dire que l’enregistrement est live, capté en décembre quatre-vingt-neuf au « Catalina Bar & Grill », à Hollywood, avec une qualité de son de très haut niveau. Alors forcément ça se sent et se ressent. « Lino’s Pad » est la troisième pièce ici, toutes les trois composées par Horace Tapscott, ça commence comme une marche très rythmée par Andrew Cyrille, Cecil McBee s’y accroche avec sa basse, et Horace dessine des lignes étranges au piano, et se lâche totalement avant lui-même de s’accrocher au rythme premier, pour quelques secondes, et de s’échapper à nouveau…


La dernière pièce est une reprise du tromboniste Thurman Green, « One For Lately », encore dix minutes de pure folie, c’est sûr que l’album est énorme, je ne me prononcerais pas pour dire si l’album est le meilleur de sa discographie, puisque je ne la connais que partiellement, mais cet album est vraiment top et hautement recommandable, une heure de bonne musique sans aucune faille.

xeres
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le 7 mai 2023

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