Swimming
7.4
Swimming

Album de Mac Miller (2018)

Il a bien grandi Little Mac depuis Blue Side Park en 2011. Si ses premiers projets étaient teintés de légèreté, un grand revirement a eu lieu depuis Watching Movies with the sound off en 2013. Seulement à l'époque, on était face à un Mac qui se cherchait encore musicalement. Ce nouvel album montre que si Mac se cherche toujours, c'est à un niveau personnel que cela se joue et non plus musical.


On est aujourd'hui face à un opus très intimiste ou l'artiste se livre seul. On ne retrouve aucun featuring sur l'album ce qui est une première mais je peux déjà couper l'herbe sous le pied en affirmant que ce choix lui réussit.
Intimiste, néanmoins n'empêchant pas le nombre de producteurs conséquents. On retrouve les traditionnels ID labs et DJ Dahi présent sur nombre des projets de Mac mais également Thundercat, Sounwave, J Cole pour ne citer qu'eux, ou encore plus surprenant Jon Brion (connu pour ses musiques de films tel que Eternal Sunshine of Spotless Mind) qui signe la partie piano sur Small Words et Come Back to Earth. Pomo, connu pour ses collaborations avec Anderson Paak est également présent sur le funky What's the use, il avait déjà signé Dang sur le précédent album, l'alchimie entre l'artiste et le producteur fonctionne plutôt bien si l'on ne s'en était toujours pas douté.


Sur les 13 titres que composent l'album, j'en ai adoré littéralement plus de la moitié face à un projet plutôt doux en termes de sonorités qui ne rend néanmoins pas le projet soporifique. Mac Miller a su innover par rapport à ses précédents projets tout en ne tombant pas dans la facilité.


Mac commence son album avec une intro une fois de plus soigné à la manière de Good AM ou The Divine Feminine, on pourrait même considérer ces albums comme une trilogie tant ils suivent l'intimité de l'artiste mais ce n'est qu'un avis personnel.


Nous voici embarqués après une introduction introspective dans Hurt's Feeling où l'artiste reconnaît avoir grandi et changé humainement, étant plus satisfait de ce qu'il arrive à donner, dénonçant ceux qui continuent de stagner sans évoluer.
"What's the Use ?", l'un de mes coups de coeur de l'album, où il faut mentionner l'influence de Thundercat avec la basse qui est juste incroyable, un titre où Mac parle de ses dépendances diverses. On peut également entendre les choeurs de Syd (The Internet) et Snoop Dogg.


Perfecto arrive ensuite, l'un des morceaux m'ayant le plus marqué de l'album également. Y est dépeint le fait qu'il n'est pas parfait mais que cela lui convient. On est avant tout face à un morceau sur sa relation passée avec Ariana Grande où il reconnaît qu'il n'est pas une affaire facile d'être avec lui.


Self Care, encore un coup de coeur ! Un morceau une fois de plus introspectif, racontant une perception du public par le public suite à sa rupture ultra médiatisé. Le clip a illustré avec justesse la condition dans lequel un Mac Miller enterré décide de ne pas s'arrêter là, ne compte pas mourir de si tôt et se sauve de sa condition.


Wings, morceau très doux et agréable dans lequel l'artiste parle de ses blessures personnelles et montre qu'il croit en un futur meilleur en se hissant avec ses ailes.


S'ensuit une montée en puissance avec Ladders, morceau que je retiens parmis ceux m'ayant marqué pour son côté funky.
Avant de retomber dans un côté plus sombre et mélancolique avec Small Words où Mac parle de ses derniers mois compliqués et de ses défauts. Encore un morceau marquant surtout pour son final au piano.
Conversations parle de la façon dont Mac Miller se voit une fois de plus, sur sa planète, ne se sentant pas de "ce monde", avoir commencé au sous sol pour finir haut et ne pas vouloir d'une vie "basique".
Dunno semble être un morceau dédié une fois de plus à Ariana Grande mais de façon moins énigmatique. Il y exprime les bons souvenirs dont il tire de cette relation
Jet Fuel dépeint une métaphore ou ses addictions sont un carburant pour lui afin de décoller. On retrouve Steve Lacy (The Internet) à la guitare
2009 est un voyage en arrière à l'époque des débuts d'Easy Mac juste avant la sortie de sa mixtape KIDS qui a lancé sa carrière, servi par une mélodie douce et travaillée.


Pour le dernier morceau de ce projet, "So It Goes", une introspection sur ce qu'a été sa carrière, la gloire, la fortune, la drogue, la façon dont il voit aujourd'hui sa carrière et son exigence artistique qui n'a cessé de grandir au fil de son développement personnel. Ce final est plutôt réussi autant lyricalement que musicalement avec cette atmosphère lunaire/spatiale pour clôturer l'opus d'un artiste qui se sent ailleurs.


Cet album est avant tout une leçon de positivisme dans les moments durs, trouver un chemin lumineux dans un marasme sombre, savoir se relever et apprendre des dures épreuves auquel nous confronte la vie pour mieux apprécier les bons moments à venir dans le futur. Ne rien lâcher, apprendre, ne pas se contenter de stagner semblent être les messages principaux de cet album où l'introspection et une réflexion sur les épreuves passés sont mises en avant.
Mac semble avoir trouvé une façon d'exploiter ses difficultés personnelles pour sortir la tête de l'eau et nager vers un futur lumineux.


(Edit : Finalement il semblerait que non, l'avenir semblait lumineux, le destin n'aura pas été du même avis... Repose en paix génie.)

Makavelli
9
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le 5 août 2018

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Makavelli

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