...and let the cold waters cleanse my soul !

Un album à la pochette aussi hideuse que son contenu est exquis est chose plutôt rare. On a plutôt l'habitude de voir des pochettes (y compris cryptiques ou kitsch) devenir iconiques à mesure que l'album correspondant gagne en popularite.

Mais visiblement ce n'était ni le but des Louvin Brothers, ni de Capitol Records qui ont visiblement préféré parier sur l'authenticité rustique de ces deux allumés. Cela dit, qu'on ne se méprenne pas, les Louvin Brothers ne sont absolument pas des jeunes premiers en 1960 mais au contraire des vieux de la vieille (plutôt sur le déclin d'ailleurs), portés aux nues dans les années 30-40 dans Sud, au sein du temple de la Country qu'est le Grand Ole Opry.

C'est d'ailleurs peu dire qu'il méritent amplement cette consécration, fût-elle fugace et régionale, tant ils ne sauraient souffrir de la comparaison, ni avec leurs contemporains (Jimmie Rodgers, The Delmore Brothers), ni avec leur successeurs (Hank Williams, Johnny Cash, The Byrds). Ces mêmes Byrds, qu'ils ont d'ailleurs influencé au point de leur faire sortir leur propre album de Country après la vague psyché (ça ne s'invente pas) et qui leur ont par ailleurs tiré leur chapeau avec la superbe reprise de "I like the christian life" présent sur cet album.

Il est par ailleurs d'autant plus important de noter que ce duo est déjà presque à la fin de sa carrière que d'abord, les titres présents ici ne constituent pas un Best Of, mais un nouvel album à part entière ; et qu'ensuite, les compositions en question sont d'une qualité équivalente à leurs meilleures œuvres.

En effet, la perfection polyphonique qui se dégage de ce disque paraît tellement hors d'atteinte pour nous autres pauvres mortels, qu'on comprend instantanément la vocation dès l'enfance des Everly Brothers, biberonnés à leur musique, et la tendance quasi-obsessionnelle des Beatles envers ce style vocal qu'ils finiront par établir comme un acquis essentiel de toute forme de musique les suivant.

Et, en mon humble opinion, bien qu'on puisse critiquer de bonne foi la croyance presque aveugle qui les anime sur sa naïveté profonde, son absconse dévotion voire même sur son aspect profondément simpliste et obtus, je ne pense pas qu'on puisse délier cet élément de leur propension à cette harmonie vocale quasi-mystique.
taboun
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le 6 mai 2014

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taboun

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