Requiem
6.9
Requiem

Album de Lino (2015)

Ou comment j'ai écouté le dernier album de Lino

Voici la première critique pour ceux qui n'auraient pas envie de lire l'entièreté de la seconde.
Pour les autres, la seconde reprend là où la précédente s'arrête.



La critique concise :



Handicapés par des titres dont la teneur rompt avec le reste de l'album, des collaborations qui scieraient mieux à une structure différente de l'album -ou à un autre artiste-, il s'impose malgré tout comme excellent en ce que l'écriture des morceaux qui sortent du lot est exemplaire.


Ces textes ont ce sentiment de mélancolie pesante, on retrouve tout Lino en très peu de mots et ce, dès l'entame.


Malgré cela, les morceaux qui fleurent bon la variété bonne enfant ont tendance à casser l'immersion et les couilles du spectateur.


Le reste, c'est du très bon.



La critique plus longue commence maintenant :



Ces métaphores et zeugmas prétentieux ne sauraient me faire dire ce que je n'ai pas dit.
Certains featuring très agréable n'entrent pas en contradiction avec l'âpreté développée dans les autres morceaux, à l'image de l'excellent "Ne m'appelle plus rappeur".


Ils sont cependant, non pas minoritaires mais bien moins marquant à la première écoute.


Les morceaux qui flirtent avec "la chanson française mainstream" comme le dirait un connard pédant ne sont pas mauvais mais dénotent des morceaux estampillés "Lino fait du sale" tellement que je me demande s'il n'y a pas plusieurs manières d'écouter Requiem.


De fait, cette œuvre acquière différents degrés d'appréciation en fonction de mes écoutes.


Ma première écoute est parsemé de circonspection. Dès le premier titre, le ton est donné, Lino est en forme. C'est cinglant, c'est sombre et c'est là pour te marquer l'esprit. C'est du Lino.


L'atmosphère, le ton est posé.


Atmosphère, atmosphère...


Pour moi, c'est ce qui fait l'unité d'un album, son homogénéité, sa cohérence artistique.


Puis arrive le premier morceau où le rappeur n'est pas seul, déjà, j’émets plus de réserve tant en terme de parole qu'en terme de pertinence du morceau...


Et cela n'en fini pas, de collaboration en collaboration, de morceau en morceau, le puzzle mental que me construisait l'ambiance schizophrénique de l'album me faisait poser moult questions, moult réserves quand, une fois arrivé à la fin, je restais pantois.



Ambiance ambivalente



Devais-je considérer cet album comme excellent eu égard aux magnifiques "Wolfgang", "Suicide Commercial" ou "Au jardin des ombres" qui sont probablement les titres qui m'ont le plus fait ressentir d'émotions, ceux qui sont les plus raccords avec cette ambiance ?


Devais-je considérer cet album comme raté car les morceaux tels "7 milliards sous le ciel", "Brûleur de frontières" ou "Peuple qui danse" m'ont clairement fait sortir du trip instauré jusque là ?


J'ai décidé alors de laisser reposer la pâte et d'attendre une deuxième écoute.


J'abordais celle-ci en envisageant, non pas de passer les morceaux qui "cassent" la cohérence de l'album mais au contraire de laisser une chance à l'entièreté de l'œuvre.


Force est de le constater, ces grumeaux dans la pâte finissent par se fondre dans cette dernière et participer au tout.


Je ne dis pas que tous les titres se valent, je dis que j'ai fini par m'y faire, à cette ambivalence de ton, ambivalence de réactions et d'appréciations.


Du rap "à l'ancienne", toujours avec sa diction et son timbre de voix qui, à la simple écoute des 5 premiers mots du premier titre, nous rappelle qui on écoute, Lino confirme qu'il est toujours présent. Pas dans leur trip de "qui a les plus grosses couilles", certes, mais à mon sens, il peut prétendre au titre de "celui qui a la plus belle plume".


Aujourd'hui, cet album a trouvé sa place dans mon autoradio et mon cœur.


déséquilibre/10

Créée

le 17 févr. 2019

Critique lue 152 fois

Jekutoo

Écrit par

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