Rejoice
8
Rejoice

Album de Pharoah Sanders (1981)

Pharoah Sanders ‎– Rejoice (1981)


Voici une nouvelle sortie sur « Theresa Records », petit label Californien créé en 1976, important pourtant car il a signé de grands musiciens comme Pharoah, Idris Muhammad, John Hicks, Nat Adderley, Bobby Hutcherson et d’autres encore, on s’y bouscule…


Album important pourtant puisqu’il est double, en pochette intérieure on trouve en exergue une citation qui dévoile les intentions de Pharoah : « Rejoignez-nous dans notre hommage à la paix et à la beauté - Marchez avec nous, dansez avec nous, chantez avec nous, réjouissez-vous avec nous, rejoignez-nous dans la paix et l'amour ».


Ces quelques mots sont prononcés également dès le début de « Rejoice », le morceau titre qui occupe la première face avec ses treize minutes, par la voix de Kazuko Ishida. On retrouve également quelques vieux compagnons de Pharoah, comme Joe Bonner au piano et Art Davis à la basse, mais aussi quelques anciennes gloires, comme Bobby Hutcherson au vibraphone ou Elvin Jones à la batterie.


Cette première pièce est très agréable et très maîtrisée, sans réels débordements, elle ouvre le discours en suivant les principes énoncés plus haut, musique de joie et de contemplation, mais les années quatre-vingts arrivent avec leurs lots de catastrophes en tout genre, alors Pharoah sera-t-il, lui aussi, le jouet de cette dérive artistique ou se tiendra-t-il, fièrement, tel un pilier au milieu du gué ?


« Highlife » qui ouvre la face suivante propose une réponse alternative, festive et innocente. Des cris et des chants strient cette compo populaire destinée à la célébration de la fête et de la bonne humeur. La suivante « Nigerian Juju Hilife » se situe dans ce même créneau de manifestation de joie collective. On y retrouve les rythmes animés par le batteur Babatunde et le joueur de conga Big Black, la basse électrique en avant et tout le monde chante le refrain, c’est un peu « La compagnie Créole » qui passe par ici, avec, à rythme régulier, le ténor qui chuinte comme pour nous rappeler : « Hé, c’est Pharoah qui est là ! »


Mais nous n’en sommes qu’à mi-parcours, le second volet s’ouvre sur un chapitre un peu différent, John Hicks est au piano et Steve Turre au trombone, quelques chœurs interviennent parfois, comme sur « Origin », avec un effet prévisible. La pièce suivante « When The light Are Low » s’inscrit plus dans le jazz et se détache ainsi de ce qui précède, avec un certain classicisme ici, une plongée dans le post bop, sans de réels risques.


Une reprise de « Moment’s Notice » arrive, un hommage à John Coltrane, chanté par George Johnson, mais bien campé dans la tradition, ça fait toujours plaisir, vraiment, notamment le solo de vibraphone, très enlevé, par Bobby Hutcherson, mais de risque, point.


La ballade « Central Park West » ouvre la dernière face avec les chœurs, la harpe, le ténor qui charme, et là on regrette la période Impulse, si belle, si créative et aventureuse, finalement… Puis arrive encore «Ntjilo Ntjilo/ Bird Song», un trio entre ténor, harpe et piano, puis « Farah », en duo ténor/piano, c’est pas mal et gentillet, sans risque pour votre santé. Et reviennent les grooves d’antan, la spiritual music sculptée au scalpel du ténor hurleur, le profondeur rythmique qui secouait…


Un album qu’on espère de transition, qui a bénéficié d'une réédition récente…

xeres
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Pharoah Sanders

Créée

le 20 nov. 2022

Critique lue 11 fois

2 j'aime

xeres

Écrit par

Critique lue 11 fois

2

Du même critique

Lanquidity
xeres
10

Un voyage dans le "Space-Jazz-Rock"...

Plus que tout autre, Sun Ra est une bibliothèque, il a parcouru, lu et écrit l'histoire du jazz, de l’intérieur, il a vécu les évolutions et participé aux révolutions. Membre actif de cette longue...

le 28 févr. 2016

27 j'aime

10

Bitches Brew
xeres
10

Critique de Bitches Brew par xeres

Ce qui frappe en premier lieu, c’est la beauté de la pochette créée par Mati Klarwein. On la devine symbolique, plus particulièrement quand elle s’offre déployée, pochette gatefold ouverte. On...

le 5 mars 2016

24 j'aime

9

Both Directions at Once: The Lost Album
xeres
10

Critique de Both Directions at Once: The Lost Album par xeres

« Il » est arrivé ce matin, bien protégé, sous cellophane, belle pochette avec deux triangles découpés laissant apercevoir la sous-pochette… Le vinyle avec le prestigieux macaron « Impulse »,...

le 2 juil. 2018

23 j'aime

7