Condensé de thrash métal en 10 chansons exécutées à l'époque à une vitesse et une maîtrise inégalée, sorte de nec plus ultra de ce qui pouvait se faire de plus rapide et violent. Ici le groupe prend le pari de tout survitaminé pour en faire un album ultime ... Pari réussi car après ça le groupe régnera en maître incontesté sur le monde du métal aux côtés de Metallica notamment. Bruyant et inaudible diront les contres , chef d' œuvre diront les autres... Je vous épargnerais les petites phrases qui font mouche et j'irais droit ... En enfer (hum, j'ai pas pu m'empêcher celle là...)
En 1986, Slayer sort de son petit label et des productions assez brouillonnes de ses deux premiers essais pour s'entourer du producteur de rap (??) Rick Rubin (les Beastie Boys! On verra même Kerry King dans le clip de "no sleep till Brooklyn") (public enemy samplera même un riff de "Angel of death", et plus tard un duo avec ICE T!) ...On est loin de l'imagerie fasciste auquel le groupe fut la cible tout le long de sa carrière même si tout cela fut lié aussi avec la passion du compositeur Jeff Hanneman pour la 2e guerre mondiale ... Et les paroles de "Angel of death" sur les camps nazis , qui, sans en faire l'apologie , racontent assez "cliniquement" les ignobles expériences du docteur Mengele ... Toute cette (mauvaise?) Pub laissait ainsi un goût de souffre poisseux autour du groupe ... Sans que le groupe n'en fasse non plus des tonnes pour s'en excuser , allant même en rajouter une couche en nommant leur fan club "slaytanic werhmacht" et trouvant la polémique assez ridicule ...
L'album a marqué son époque car il a su aussi combiner assez judicieusement les influences du groupe avec un hardcore ultra rapide né au début des années 80 (influences qu'on retrouvera sur leur album de reprises "undisputed attitude" avec Minor threat, DRI ou D.I. en tête ...) mêlé à la technicité des duels de solos cinglants et à la rudesse d'un thrash metal déjà bien établi avec des pointes de vitesses totalement stupéfiantes.
C'est aussi un bloc de 10 chansons , inaltérables et liées entre elles comme une roche noire brute plutôt très élaborée. Alliant passages plus lents et une certaine mise en oeuvre dantesque dans le final , ou la violence musicale prédomine tout, crûment , et sans concessions ... Cela en fait une oeuvre totalement innovante et gardant même une fraîcheur et une âme ! Derrière cela , j'y vois aussi la cohésion d'un groupe , une production sans failles et aussi un concept ravageur et énergique ... Bien sûr, les thèmes abordés ici sont des plus sombres ... Mais si on regarde bien la photo du verso du groupe .... C'est plutôt la franche rigolade .... Et c'est aussi ca qui est bien... 4 garçons dans la tempête nous jouent un cataclysme de riffs fulgurants dans nos oreilles tout en bousculant le monde du métal et en redistribuant les cartes ...as de pique en tête , rien que ça ....Slayer défonce tout sur son passage et nous propose une cavalcade sans temps morts depuis le hurlement de Tom Araya dès les premières secondes jusqu'à ce coup de tonnerre tonitruant qui nous glace le sang et cette pluie diluvienne ... L'enfer est sur terre... Mais ce n'est ici que de la musique.