P.E.K.A (EP)
5.1
P.E.K.A (EP)

EP de Lujipeka (2020)

Dans une industrie musicale où tout doit aller vite et que l'oubli est le pire des cauchemars, il est normal que le confinement fassent naître nombre de courts EP censé nous rappeler l'existence de l'artiste et de son actu. P.E.K.A fait donc partie de la catégorie fleurissante des EP Confinés. Réalisé en moins de 4 semaines, ce 5 titres nous est présenté comme un avant-goût du vrai projet solo de Lujipeka, décalé au 15 mai à cause du Covid-19; L.U.J.I.


Le problème c'est que cet aperçu sonore sent malheureusement plus le réchauffé que l'innovation. Je ne doute pas que la situation doit être délicate pour Lujipeka. Il est le premier à sortir son EP solo après le raz de marée Columbine et doit à la fois prouver qu'il peut apporter autre chose sans totalement perdre son identité initiale. Or, et même si cela ne compte pas vraiment comme son véritable premier projet, P.E.K.A raisonne plus comme un échec que comme une émancipation.


Au fil de la très courte écoute, on oscille entre le désagréable et le sympathique. P.E.K.A est sans doute plombé par deux facteurs, le premier étant ses paroles. Certaines punchlines restent efficace mais Lujipeka s'obstine à parler uniquement de ses relations amoureuse alors qu'il en avait déjà fait le tour dans les précédents projets avec Columbine.
On frise l’auto-caricature quand il reprend les fameuses tournures de phrases mi-poétique mi-pornographique, propre au collectif, qui ne sonne maintenant que comme des copier-coller stériles. Cette répétition du passé, on le retrouve aussi dans les backs autotunés devenus prévisibles. Mais là où Lujipeka était fort dans Columbine, c'était par l'ambiance musicale qu'il installait. Or, ici, les titres Lune et Die sont paresseux tandis que De Quoi tu Parles est tout simplement désagréable.
Seuls les titres Roxanne et Août 2008 sauvent l'EP d'être jetable. Ces morceaux permettent alors d'asseoir la maîtrise de Lujipeka quand il est sur une vibe mélancolique mais sont trop courts pour s'imposer et tirer le reste vers le haut.


P.E.K.A, malgré sa durée, est une mauvaise carte de visite. Ma théorie c'est que la sortie de son premier projet solo étant décalé, il fallait continuer la promo et Lujipeka a donc repris des maquettes inachevés pour nous sortir ces 5 morceaux. Cet EP donne une impression logique d'être composé de restes sans saveurs.
Au final on revient au même problème, inhérent à l'industrie rap de nos jours. La quantité prime sur la qualité et il faut abreuver de sons oubliables l'auditeur quitte à le décevoir et à l'ennuyer.

Herostrate
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le 27 avr. 2020

Critique lue 397 fois

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