Orelsan, c’est en quelque sorte une révélation du rap musique français depuis Sale Pute en 2009. Un des seuls artistes à savoir manier les mots sans se prendre pour un gansta. Une image sensible et sincère qui lui colle à la peau. En 2011, il revêt le costume de Raelsan dans son second album « Le Chant des sirènes » ; un vrai succès qui le transporte au zénith en quelques mois. Cette année, il revient avec son pote Gringe sous le nom Casseurs Flowters pour un album loin d’être aussi foireux que les criminels de « Maman, j’ai raté l’avion ».
Le disque aurait pu s’appeler « 24h avec Orel Et Gringe » mais à la place il se nomme simplement « Orelsan et Gringe sont les Casseurs Flowters » comme ça, c’est fait. L’opus découle du réveil des deux amis jusqu’au lendemain matin, au coeur d’une journée normale, comme n’importe qui en automne. La journée défile entre enregistrement de tracks, meuf chiante et passé qui refait surface. Un fil original qui force les chansons à ne pas se détacher des autres.
Mais ce n’est pas la seule réussite de l’album. On y retrouve agréablement les sujets de prédilection des deux compères (Mal de vivre, difficultés relationnelles, tendance à être porté sur la bouteille) toujours décrit à travers des punchlines travaillées et cinglantes. Une efficacité qui se retrouve sublimée par les samples parfois hasardeuses et humoristiques ( Regarde comme il faut beau (dehors) ) d’autres fois étonnamment percutantes (La mort du disque). Les sceptiques seront d’ailleurs déboussolés tant l’album oscille entre violence et délicatesse timide. Comme deux paumés qui ne savent pas où aller, Orelsan et Gringe nous racontent comment faire vibrer l’ennui du quotidien, avec des instants simples et décalés. Deux potes qui se parlent, se répondent en rimes, sans jamais soupçonner un auditeur dans l’oreillette. Une porte ouverte vers un passé et une manière d’être, réaliste et pragmatique, qui enchaine les coups de coeur (Les putes et moi, Stupide Stupide Stupide, Des histoires à raconter) et les coups de flippe.