Noctourniquet
6.7
Noctourniquet

Album de The Mars Volta (2012)

Pour les néophytes, The Mars Volta, c'est l'autre moitié d'At The Drive-In. Le guitariste Omar Rodriguez-Lopez et le chanteur Cedric Bixler-Zavala se sont échappés vers des contrées plus déstructurées. Au travail depuis 2001, voici donc un sixième album auréolé d'un parcours chaotique incluant un batteur viré et une sortie des studios retardée pour une raison inconnue.

No more Zeppelin voyage

"No more Zeppelin Voyage" avait annoncé Omar Rodriguez-Lopez, tête pensante de la bande. Aux couleurs de Krinein Musique !pensante de la bande. À l'exception de Zed and Two naughts, Dyslexicon et Aegis, il n'y a en effet pas de quoi invoquer les dieux Jimmy Page et Robert Plant. À l'image de son morceau titre, ce Noctourniquet donne l'impression d'un groupe qui cherche à se renouveler en modifiant sa formule et en la simplifiant. Il fallait bien se rendre à l'évidence : leur style était sûrement arrivé à son apogée à Bedlam In Goliath et il fallait varier. Finies les digressions de 10 minutes en roue libre toujours plus folles et plus rapides. Place à des morceaux courts, toutes proportions gardées bien sûr, laissant la part belle aux expérimentations synthétiques, à une voix posée et à des guitares calmées. Pas sûr que ça plaise à tout le monde mais ça, le duo afro n'en à que faire.

À bien y réfléchir, The Whip Hand constitue un titre d'introduction parfait pour cet album puisqu'en 4 minutes et 40 secondes, il résume les tournants apportés par cet album. Des synthétiseurs en première ligne au détriment des guitares, une voix plus aiguë que jamais, des incartades électroniques et des morceaux nettement plus "carrés" qu'à l'accoutumée. Cependant, tout comme Octahedron n'était pas l'album acoustique que vous feriez écoutez à votre voisine fan de Jack Johnson, ce Noctourniquet garde quand même le sceau des Mars Volta en apportant son lot de transitions venues de nulle part, son goût pour les ambiances psychédéliques, ses percussions agitées et ses paroles alambiquées. Il faut juste se faire à l'idée que l'album n'est pas aussi costaud que les précédents et qu'il ne faudra pas une dizaine d'écoutes pour en découvrir les aspérités.

Un album aux facettes schizophréniques.

Le tryptique Empty Vessels make the loudest sound, Trinkets Pale of Moon et Imago revient aux ballades du groupe dans la droite lignée d'Octahedron avec
Une faute de goût évidentedes ponts et une couleur mélo très marquée. Le type de titres qui les a ouverts à un autre public comme a pu le faire par le passé The Widow.

In Absentia, exemple-type du morceau qu'on n'aurait jamais cru entendre sur un album des TMV mais plutôt sur un des projets parallèles du guitariste continue la transition entre l'acoustique du précédent album et le virage électronique opéré ici. Mélodieuse et atmosphérique, la chanson ouvre le groupe vers un tout autre style pas désagréable. Au chapitre des nouveautés, le batteur prouve que la greffe a pris depuis plus de 2 ans en live. Sur album, la sauce prend plutôt bien puisque c'est par les percussions que vient le véritable dynamisme de Noctourniquet. Jamais euphorisantes comme à la grande époque de Jon Theodore ou Thomas Prodgen et manquant un peu de groove, elles étonnent par leur jeu tout en arythmie et en à-coups comme sur Zed and Two Naughts. Loin de ses flows quasi-rappés, le chant de Bixler tient les notes longues et hautes comme jamais et se la joue mellow. Ayant pris de l'embonpoint physiquement, le changement se ressent presque dans son chant où la moindre note est alourdie. Curiosité supplémentaire, des nappes de synthés viennent parfois s'immiscer comme à l'introduction de l'album pour des sonorités proches des mélodies Nintendo qu'on peut entendre dans Zelda et qui ajoutent à l'aspect planant de cet opus.

Nouvelle orientation et reformation

Si en tant que fan du groupe de la première heure, je ne peux pas affirmer que ce dernier rejeton atteint les cimes de leur discographie, il vaut encore qu'on y plonge les oreilles. Averties bien sûr. Connaisseur du groupe, vous savez déjà qu'il a d'ores et déjà donné son meilleur et qu'il sera dur de surpasser les glorieux aînés. Quant aux novices et aux adorateurs de la musique teintée seventies, si l'aventure TMV vous dit, il sera toujours plus conseillé de se vouer vers l'incontournable De-loused In The Comatorium ou le plus récent Bedlam In Goliath... À la fois entre rock, punk et jazz, les Mars Volta continuent leur chemin psychédélique et c'est toujours pour notre plus grand plaisir.
Lopocomar
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le 25 avr. 2012

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