Quand ils sont arrivés, on s'était juré de les détester. 3 connards à mèches, à la tête d'un cortège de fluokids ébrouant des tubes lumineux (probablement cancérigènes) sur ce que l'on appelait alors, en 2006, de la nu rave. En plus le NME et la presse malhonnête les annonçaient énormes, autant de raisons pour qu'on se dresse comme s'il s'agissait de lutter contre l’avènement d'un régime fasciste qui interdirait les frites maison.


Et puis je suis tombé un jour par hasard sur MTV2. Pour une raison encore jamais élucidée, la chaîne rock d'MTV était disponible sur le bouquet Free familial. Et j'ai ainsi pu m'ébaudir devant le clip, aussi grotesquement gay que kitschissime, de Golden Skans. Deux pensées fugaces ont traversé mon esprit :



  • Après un coup pareil, ils sont certainement devenus des divinités au Japon.

  • En faisant preuve d'un minimum d'objectivité, et en faisant fi de l'orientation sexuelle ostentatoire du réalisateur, la chanson est à l'évidence un mélange imparable entre le Bowie de Scary Monsters et les vocalises perchées de Brian Wilson.


Obligé maintenant d'aller écouter l'album Myths of near future pour s'assurer que Golden skans n'était pas un horrible bien entendu.


Et il s'avère que le Bowie de l'album susnommé est partout. Le premier single Gravity's rainbow laisse pantois. Comment des types de 20 ans bourrés d'ecstasy, qui se sont signalés en reprenant du Justin Timberlake ont-ils pu mettre en forme une telle pop song aux 3 minutes bruyantes, entêtantes et parfaites. Cette fois-ci au jeu du name dropping de rock critique on pense justement au XTC de Drums and Wire et même à Queen pour ce tube qui part dans tous les sens "Come with me, come with me, we'll travel to infinity I'll always be there, oh, oh, my future love". Ok, allons-y.


Atlantis to interzone, passé le clin d’œil à Interzone de Joy Division, on abdique à nouveau. Il suffit de 3 minutes chrono pour rendre la rave à portée de main des vieux. Et j'ai subitement envie d'une coupe au bol et d'agiter un bâton en Led au milieu d'une foule de lycéens qui ignorent jusqu'à l'existence de Patrick Simpson-Jones.


Le reste de l'album est à l'avenant, toujours difficile de les prendre en défaut malgré mes efforts, Two Receivers dans la veine pop SF est une merveilleuse entrée en matière. Forgotten Works lorgne du côté de Happy Mondays, entendez par là un tube baggy anglais pré-Maastricht.


Au milieu des années 2000, le riche héritage du rock anglais semblait donc avoir été partagé entre les Libertines et Klaxons. Aux premiers la synthèse du rock à guitares (The Smiths, The Clash, Oasis, The Jam...) aux second l'assimilation du post punk & dance floor (de Magazine aux sages incursions electro de Bowie décidément omniprésent plage après plage).


Bien sûr l'album n'est pas parfait. Magick et Four horsemen sont éreintants et ne semblent avoir été composés que dans le but de défouler les fans les plus excités lors concerts. Et disons le franchement, les paroles ne veulent strictement rien dire et lorgnent plus souvent vers le mysticisme cosmique de vendeur de chichons que vers l'authentique poésie transcendantale. Mais c'est pas très important. Leurs histoire d'espace, de future et de divinité magique qui balancent des rayons dorés par les narines ne sont pas plus absurdes que les textes de Syd Barrett au début Pink Floyd. Tous entament une grande communion spatio-philosophique avec les frères Bogdanov dans le fond...


Myths of the near future a ouvert la porte du succès mondial à MGMT, Time to pretend sonnant presque comme un formidable pastiche. Car la magie s'est malheureusement envolée dans le reste de la discographie.


Le groupe a même tiré sa révérence, non sans avoir expérimenté la laideur absolue. Pour donner moins de regrets ou parce que c'est à ça que ressemble la musique au bout de l'univers ?

Negreanu
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le 23 mars 2019

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