Depuis quelque temps, vous croisez, devant les collèges privés, des jeunes gens aux tignasses élégamment décoiffées, des sweats à capuche et des baskets colorées ? Vous êtes en présence de gamins au dernier cri de la mode outre-Manche. Autrement dit, de fans des Klaxons, le fer de lance du mouvement dit « nu rave », trio d'avertisseurs humains qui s'annonce plutôt à coups de sirènes hurlantes que de timides bip-bip à la Joe Dassin. A l'instar de New Order, qui, dans les 80's, avait réussi le mariage explosif de la cold wave et du disco, les Klaxons tentent celui du rock baggy de Madchester (Stone Roses, Happy Mondays...) et de la techno des 90's. Autant dire que Myths of the near future, leur premier album, qui commence à faire tourner bien des têtes, n'a rien de reposant. Hormis quelques rares instants de répit, il enchaîne à 100 à l'heure de frénétiques hymnes festifs qui font illusion grâce à leur énergie dévastatrice et à leurs entêtantes mélodies tourbillonnantes. Illusion ? Oui, car derrière l'apparente fraîcheur de l'entreprise, tout ce joyeux barouf finit par sonner comme une habile recette, un malin recyclage de sons et de chansons déjà beaucoup entendus autrefois. Sûr, ça dépote, ça décoiffe (c'est la moindre des choses) et, pour peu qu'on soit un peu éméché, c'est idéal pour se trémousser. Mais, si les Klaxons font aujourd'hui la course en tête, rien ne dit qu'ils ne foncent pas droit dans le mur. Hugo Cassavetti


La grande force des Klaxons, aujourd'hui rattrapés par une hype qu'ils n'ont jamais cautionnée, c'est de s'être, depuis le départ, inconfortablement installé sur un grouffre entre deux trônes et deux dialectes dominants de notre décennie ? le rock souillon (2000- 2007?) et l'électro brutale (2005 - ?). C'est aussi d'avoir farouchement évité le culte de la personnalité qui, de Casablancas à Doherty, a déjà fait d'atroces victimes : posés, intelligents et discrets, ils s'échangent ? façon de ne pas s'y brûler ? la place de chanteur sous les projecteurs, tous musiciens, tous songwriters. Car l'écriture est une des forces de ce trio que l'on avait un peu vite limité à sa gadgetterie sonique, à ses sirènes acides et ses remixes tapageurs. Nettement plus rock ou pop (le glorieux Goldens Skans, digne du meilleur Damon Albarn) que frontalement électros, ils peuvent ainsi puiser dans tous les dialectes leur langue archi-vivante, empressée, urgente. Ils jouent ainsi du rock, mais propulsé par les jouets, dynamiques et techniques de la dance-music la plus foudroyante. Ils ne jouent pas des chansons, mais strictement des hymnes, qui tour à tour, deviennent la BO nécessaire de tout matin électrifié. Myths Of The Near Future restera ainsi comme le fondamantal documentaire, percutant et affolant, sur le plus grand telescopage que l'Angleterre ait connu depuis Madchester. Nous nous sommes enfuis de la raison, en embarquant notre jeunesse ? C'est un aller simple : plus question de revenir en arrière. (Inrocks)
Rien à y faire. On s'était pourtant jurés de ne pas recommencer, de ne plus encenser sans nuances, de toujours passer ses ardeurs superlatives sous les fourches caudines d'une retenue emprunte de maturité critique. Mais à l'écoute de Myths Of The Near Future, la bonne résolution roussit à mesure que s'égrènent les trente-six minutes enflammées et novatrices que compte ce disque. Littéralement flambant neuf, surprenant et déroutant. Ceux qui voyaient en Klaxons les fers de lance d'un revival rave chercheront ainsi longtemps la moindre antienne électronique, et devront se contenter des différents remixes qui accompagnaient les singles comme autant de semeurs d'un trouble dionysiaque. Mais ce premier effort dément surtout ceux qui s'apprêtaient justement à railler un éphémère groupe à singles sans grande subtilité, voire sérieusement bourrin. Dès l'ouverture, la profondeur mirifique de 2 Receivers sonne le glas de ces vils présages, leur faisant d'abord faire de l'équilibre sur les multiples étages d'une mélodie tourneboulée entre cold-wave dantesque et rock aux vertiges psychés, avant qu'un refrain polyphonique extasié ne les précipite définitivement dans le vide. La suite est au diapason, à savoir une enfilade de tubes drainant une énergie incroyable et exsudant un lyrisme débridé porté par des voix dédoublées tantôt frénétiques et affolantes, tantôt angéliques et louvoyantes, mais toujours maîtresses d'un enthousiasme communicatif. Entre sauvagerie électrique brute gouvernée par une basse belliqueuse et jouissance pop amplifiée par des synthés idoines, Klaxons investit un no man's land musical où la canicule règne en plein hiver (la géniale reprise It's Not Over Yet de Grace mêle intonation touchante et scansion fédératrice), où Prodigy taille au burin l'éloquence pop de Pulp (As Above So Below), où les parias de feu Test Icicles ont trouvé refuge au sein des séminaux Whirlwind Heat (la déflagration apocalyptique Four Horsemen Of 2012, dont la furie chantante dépasse les seconds pour mieux venger les premiers), où Liars a désappris la pose (l'indolence hypnotique de Isle Of Her), où Bloc Party a grillé son trop plein de neurones à grands coups d'acides. Un territoire d'anticipation chaotique et euphorique dont la cavalcade vertigineuse Atlantis To Interzone serait l'hymne martial, aussi hargneux, enfiévré et contagieux que la peste. Et quand la grandiloquence sensuelle de Golden Skans, parée de guitares charnelles et de choeurs tournoyants, invite à la caresse, le refrain purement physique de Totem On The Timeline sent la sueur et incite à l'émeute, au mélange brutal des corps. Une montée d'adrénaline aussi féroce qu'une charge de CRS, le genre de rengaine pleine de morgue altière que se mettrait à entonner une petite frappe musculeuse des bas-fonds londoniens coursée par les flics de son quartier, lui insufflant l'insouciance nécessaire pour les semer coûte que coûte. Un hymne à la soudaineté, parmi tant d'autres. Les Klaxons parviennent à stimuler le présent, à le rendre si vivace que l'on répondra aux intégristes de l'intégrité s'écriant déjà "Dans deux mois, on n'en parlera plus !" que nous n'avons cure de leur temporalité assommante et de leur recul aussi frustrant qu'une mère castratrice. Le NME est notre bible, la hype notre évangile, et le meilleur groupe de tous les temps est simplement le groupe le plus excitant du moment. Pour l'heure, donc, le meilleur groupe de tous les temps s'appelle Klaxons (Magic)
Nous sommes en 2007. Comme Arctic Monkeys, l’an passé, le premier album du trio Klaxons sera la meilleure façon de distinguer qui est in et qui est out. Si l’on prend pour parole divine les éditoriaux de la presse d’Albion le (déjà) vieux revival garage pousserait actuellement ses derniers râles. Mieux, une génération entière élevée à The Rapture serait prête à forcer de nouveau la porte des clubs. Sur son immense “Losing My Edge” (2003), LCD Soundsystem ironisait déjà : “J’ai entendu dire que tu allais revendre ta guitare pour t’acheter une table de mixage ! Maintenant, j’entends dire que tu vas revendre ta table de mixage pour t’acheter une guitare !” Prévoyante, l’Angleterre du NME a d’ores et déjà inventé un label pour coller à la déferlante : New Rave. Sans le vouloir, Klaxons fait donc office de test avant d’envoyer en renfort, tout au long de l’année, des camions entiers de projets technoïdes parmi lesquels Shit Disco, These New Puritans, Does It Offend You Yeah!... Mais cet album, à propos ? Jouissif car, hum ! quasiment indansable. Rarement hype n’aura semblé si mal foutue, si intrinsèquement malade. Les 11 titres jalonnant “Myths Of The Near Future” méprisent toute structure comme sur le sommet d’euphorie stupide, “Atlantis To Interzone”. Avec sa sirène hurlante annonçant l’alerte rouge, son sprint entre les barbelés techno-punk et son refrain repris en chœur façon chorale de Gremlins sous ecstasy, ce morceau de déments confirme la tendance du disque : expérimental, hilare, hédoniste. Klaxons ressemble nettement plus au The Coral de la club culture qu’à un néo-Daft Punk habilement calibré pour plaire aux orphelins des Libertines. En lieu et place du monstre d’efficacité dance annoncé, on tient ici un groupe insoumis. Une créature polymorphe citant Lily Allen, Liars, Madonna, Wire, Throbbing Gristle, Can, Michael Jackson, Suicide... Avec son ADN disons explosé, ce trio anglais pourrait être le The Prodigy de la nouvelle génération. Mais un Prodigy plus laborantin fou que provocateur professionnel. Un Prodigy sans programme politique autre que de donner vie à une créature de Frankenstein revue et corrigée techno-rock. Pas étonnant dès lors que “Myths Of The Near Future” ressemble à un furoncle techno psychédélique loin du produit calibré. Il y a ici des rythmiques tribales ou annonciatrices d’une apocalypse bariolée, des sonorités défoncées aux pilules. Il y a même un tube de new wave ska dégoulinant comme si Nick Kershaw avait galoché Hard-Fi (“Golden Skans”). Avec ce disque on entre dans les chapelles sonores en titubant, habillé n’importe comment. On pisse à grand jet toxique sur les statues soul. On se déculotte et on danse à l’envers sur les monuments krautrock (“Magick”). Mieux, on colle des moustaches fluo à la new wave de Depeche Mode (“Two Receivers”). A l’arrivée, ce que dit Klaxons est essentiel. Le revival dance commence dans un grand bordel surréaliste. Nous sommes en 2007 et la New Rave a déjà des manières de petit punk bien morveux. (Rock n folk)
Un roulement de tambour tellurique sonne la charge de l'invasion annoncée de Klaxons. Et autant dire que les forces en présence sont telles qu'il faudrait tout l'aveuglement ou la mauvaise foi d'un Ministre de l'Information Baasiste pour prétendre que l'on va l'empêcher. Soumis d'entrée au bombardement à haute altitude de "Two Receivers", puis au pilonnage en rase-mottes sur fond de sirènes de "Atlantis to Interzone", on est déjà prêt à déposer les armes sur "Golden Skans", une sorte d'ultimatum pop incontournable et imparable. On ferait mieux d'ailleurs, parce que derrière, il y a encore tout un arsenal, et on n'aura pas droit à un moment de répit. Du survolté "Totem on the Timeline" au tribal "Isle of Her", chaque offensive ouvre des brèches béantes dans les défenses neuronales en conjuguant puissance de feu, supériorité technologique et savoir-faire. Resterait-il encore quelques poches de résistance, qu'elles seront réduites à la reprise cisaillante ("It's Not Over Yet" de Grace) et à la mitrailleuse lourde de "Four Horsemen of 2012". Ceux qui choisiront la fuite ne sont pas rendus, car ces hymnes sont taillés pour vous suivre partout, entre heavy rotation radiophonique et probable omniprésence énergisante sur les dance floors. Et qui sait s'ils ne boosteront pas aussi la fête du camping cet été… Après, les spécialistes pourront toujours s'étendre sur les questions de camouflages multicolores, références littéraires (il paraît qu'il y en a), grosses guitares et autre courant nu-rave. De même il semblera inutile de relancer le récurrent débat entre pro et anti-hype. La question n'étant déjà plus de savoir si l'attaque était justifiée, puisqu'en l'occurrence, c'est bien la raison du plus fort qui l'emporte.(Popnews)
Difficile d’échapper au nouveau phénomène hype envoyé par les loyaux sujets de sa gracieuse majesté. Après Franz Ferdinand, Bloc Party et les Arctic Monkeys, 2007 voit arriver les Klaxons et leur étiquette new-rave (mélange de dance et de rock). Lorsqu’il le prononça dans une interview, Jamie Reynolds (chanteur et bassiste) se doutait-il de l’engouement qu’allait susciter ce terme sensé illustrer leur goût prononcé pour la fête, auprès de la presse spécialisée ? On peut raisonnablement penser que oui tant le trio semble posséder un sens inné pour se mettre en valeur.Tenues flashy, sifflets et bâtonnets fluos distribués lors des concerts, les Klaxons jouent à fond la carte du retour aux ambiances Madchester de la fin des 80’s et début des 90’s. Leur premier single Gravity’s Rainbow, sorti en 2006, est un kaléidoscope musical sur lequel se télescopent une basse vrombissante, des rifs de guitare hardcore et des sons de synthés hypnotiques. L’influence rave est encore plus présente sur les singles suivants avec les sirènes d'Atlantis to Interzone et les boucles épileptiques de Magick. A cette fantaisie musicale le trio a ajouté une imagerie littéraire à travers des textes qui puisent allègrement chez des romanciers tel que William Burroughs (Atlantis to Interzone), Thomas Pynchon (Gravity’s Rainbow), Aleister Crowley (Magick) ou encore J.G. Ballard pour le titre de l’album.

Cet emballage hype et flashy aurait de quoi décourager un grand nombre de jeter une oreille à "Myths of the Near Future" le premier opus du groupe. Ils y découvriraient pourtant un groupe capable de revisiter le tube It’s Not Over Yet de Grace, de pondre un tube pop (Golden Skans) aux antipodes de l’étiquette rave qui leur colle à la peau et enfin un groupe qui aime nous emmener hors des sentiers battus (Four Horsemen of 2012). Au milieu de tout cela on retrouve les premiers singles du trio et un savant mélange d’électro et de rock (Two Receivers, Isle of Her, Totem on the Timeline) qui ne révolutionnera peut être pas la musique mais laissera son empreinte sur tous les dance-floors et salle de concerts de l’Hexagone.On dirait que de vieux T-shirts fluos vont reprendre du service… (indiepoprock)

bisca
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le 3 avr. 2022

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