Kraftwerk, "les Beatles de la musique électronique". Cette chronique fut écrite dans le contexte de leur passage a Paris en novembre 2014. (J'ai d'ailleurs assisté au concert "Tour de France".)


Après une longue carrière pleine de rebondissement, c'est en 2005 que le groupe décide de sortir son premier album live, enregistré sur différents endroits de la planète pendant la plus grande tournée mondiale du groupe depuis celle de 1981. Le plus souvent, les morceaux sont enregistrés quand ils sont en rapport avec le pays : "Tour de France" enregistré a Paris, "Dentaku" au Japon...
Suite à la sortie de l'album Electric Cafe en novembre 1986, Kraftwerk fait un long break de cinq ans. Pendant cette période, le "batteur" Wolfgang Flur quitte le groupe en 1987. Karl Bartos, compositeur et "bassiste" met les voiles pendant l'été 1990, lassé du comportement de ses deux collègues. Il aura tout de même le temps de jouer ses derniers concerts en février de la même année lors d'une mini-tournée Italienne. C'est exactement pendant cette période que Kraftwerk passe au tout numérique et décide de "moderniser" et "digitaliser" leur meilleures compositions, ce qui aboutira à l'album/compilation The Mix en 1991. Se suivent des concerts donnés entre 1991 et 1993 durant lesquels le line-up change jusqu'à se stabiliser en la présence d'Henning Schmitz (prends la place e Bartos en 1991) aux basses et Fritz Hilpert aux percus (celle de Flur en 1989). Après une autre pause, Kraftwerk revient sur le devant de la scène électro en participant au festival techno Tribal Gathering de 1997. Entre 1997 et 1998, le groupe joue en live de nouveaux morceaux sans titres très orientés techno qui annonceront la suite. Après quelques concerts épars entre 2001 et 2002 (dont trois soirs à Paris), le groupe se met a composer ce qui deviendra la "suite" d'un single ayant vu le jour en 1983 : Tour De France Soundtracks. Cet album de 2003 est un mélange de techno minimale et d'ambient relaxant sur le thème du vélo, de l'effort sportif et plus particulièrement de notre chère grande boucle. Ce nouvel album (le premier en 16 ans) reçoit un accueil assez mitigé mais ne remet pas en cause la grande tournée mondiale organisée par Kraftwerk pour promouvoir le dernier-né.


Entre 2004 et 2006 donc, le groupe enchaine les dates en jouant des concerts quasiment tous identiques. Le jeu de scène se limite aux quatre hommes debout et immobiles derrière leurs consoles-pupitres. La partie dynamique du show se base principalement sur les écrans géants placés derrière les musiciens mais également par des robots mécanisés mis en place exprés pour la version live de "The Robots". La setlist de ces concerts varie très peu et retrouve les plus grands classiques du groupe ainsi que les dernières compos : "Autobahn", "Radioactivity", "Trans-Europe Express", "The Robots", "Man-Machine", "The Model", "Neon Lights", "Numbers", "Computer World", "Pocket Calculator/Dentaku", "Home Computer", "Tour de France 1983", "Music Non Stop", "Expo 2000", "Tour de France 2003", "Vitamin", "Elektro Kardiogramm" et "Aerodynamik"...
Mon seul bémol interviendra ici : il manque quelques morceaux à mon goût pour capter l'essentiel de Kraftwerk. Des morceaux comme "Airwaves", "Showroom Dummies", "Spacelab", "Computer Love" ou encore "Telephone Call" n'auraient pas été de refus...


Le double disque en lui même captive l'ambiance d'un concert "classique" de Kraftwerk en suivant une setlist typique des hommes machines. La mention "live" ne se perçoit a peine; il faut rappeler que c'est de la musique électronique et que mis a part les cris du public, on oublie vite qu'il s'agit d'une captation live. Mis à part ce fait, il est bon de noter que la plupart des morceaux ont été réarrangés et réactualisés grâce aux technologies les plus récentes (Kraftwerk étant un groupe trés axé sur la technologie). La plupart de ces nouvelles versions sont souvent basées sur les versions de The Mix (les exemples les plus flagrants sont "Autobahn", "Radioactivity" qui devient un chant techno anti-nucléaire et "Trans-Europe Express"). A coté de ça, les derniers morceaux sur le sport ont une belle place dans le live. On remarque également qu'une grande partie des morceaux comportent des phases d'improvisations sur des mélodies ou des sons. Les morceaux généralement sont pour la plupart pré-séquencés, les musiciens jouent surtout sur les fréquences et les effets. Quelques phrases musicales sont quand même directement jouées en live (surtout par Ralf Hutter...)


Le premier disque présente surtout les derniers morceaux tandis que le second disque reprends les classiques. Le "concert" commence donc sur "The Man-Machine" et se termine avec "Music Non Stop", sorte de final avec un solo de chacun des membres (scratching digital avec Florian, percus avec Fritz, basse avec Henning et synthé/mélodie avec Ralf, suivi du "gute nacht, aufwiedersehen" habituel...) Car oui, a cette époque, Kraftwerk ne faisait pas de rappel, uniquement des (mini) solos lors de ce dernier morceau, quasi tous reproduits à la note prés entre chaque concerts...


Au final, ce double album live constitue une excellente introduction au nouvel auditeur de Kraftwerk qui souhaite avoir un aperçu de ce qu'il pourrait entendre lors d'un prochain concert du groupe. Ce disque ira d'ailleurs encore mieux à ceux qui sont allergiques à tout ces vieux synthés analos bien vintages qui sonnent un peu kitsch aujourd'hui sur les plus albums les plus anciens (ce bon vieux Orchestron sur Radio-Activity, par exemple...) Il est bon de noter que Minimum-Maximum (titre extrait du morceau "Elektro Kardiogramm") a été édité en vidéo DVD, ce qui permet pendant deux heures de visualiser le concept live de Kraftwerk tel qu'il était en 2004.


Attention cependant, le groupe est en constante évolution sonore depuis 1991. Tous leurs morceaux et leur back catalogue ont depuis été réarrangés dans des versions toujours actualisées.
Dans tout les cas, si vous avez la chance d'assister a l'un des rares concerts de Kraftwerk, vous serez subjugué par le show visuel en 3D mais également par le traitement sonore du son, trés clair et gorgé d'infrabasses bien puissante. Et puis quatre papys qui font groover une salle avec des morceaux vieux de 40 ans, vous aurez du mal a trouver mieux ailleurs !

Blank_Frank
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le 21 sept. 2016

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