Comme d'habitude, Gojira décoit ses fans et c'est très bien.

Gojira a TOUJOURS, et je mets des grosses majuscules pour bien souligner le fait que c'est SYSTÉMATIQUE, pris son auditoire à contrepied. N'hésitant pas à tracer un chemin qui, d'album en album n'a rien à voir avec les attentes successives de son public, le quatuor se fait habituellement accueillir par la même réaction globale chez les esthètes qui pensent avoir enfin compris leur musique (deux points ouvrez les guillemets et prenez une grande inspiration):

"Meh...*"
* "Qu'est-ce que c'est que ce truc? Je ne comprends pas..."

On se rappelera de l'acceuil mitigé du vocoder sur The Way of All Flesh (TWOAF) ou des quelque critiques qu'on a pu entendre sur le final de From Mars to Sirius (FMTS) ("Meh... Y a que trois notes..."). Écouter l'intégralité de leur discographie consiste à passer du coq à l'âne à chaque changement d'album et mettre The Link à coté de ce qu'ils font aujourd'hui contraste autant que les vêtements Desigual avec le bon goût. Les musiciens prévoient même le coup (enfin j'imagine) en balançant des singles qui allèchent le public en leur rappelant le Gojira qu'ils connaissent. Une chose est sûre à chaque fois, c'est que l'album ne leur ressemblera que de loin.

Magma ne fait pas exception à la règle et, si les singles donnent quelque indices sur les jouets qu'ils ont utilisés pour cette fois (cette pédale de pitch est quand même un peu casse-couilles), beaucoup de gens viennent encore nous dire que "Ouais c'est bien mais Silvera et Stranded sont les meilleurs et c'est dommage". C'est bien que l'album n'a pas encore décanté dans les cervelles comme ses ancêtres. Maintenant, TWOAF est un classique et on entend souvent ceux qui le critiquaient dire que "Ouais, il est quand même vachement bien" preuve que quand Gojira pond un truc, ça s'assimile avec le temps. L'Enfant Sauvage n'a pas encore fini de creuser son trou et Magma arrive pour se faire cracher dessus et lui en laisser le temps avant de lui aussi finir par se faire accepter.

Parce que Magma est bon. Très bon même, mais le groupe ralenti parfois le tempo, donne de l'importance aux voix, aux nappes voir même à des accords longs et planants. La double est assez rare (par rapport aux anciens albums) et certains passages sont proches du stoner (l'interlude Yellow Stone). Exit la bestialité de l'Enfant Sauvage mais la vache qu'est-ce que c'est bien. Cette batterie massive et ces accords dissonnants juste ce qu'il faut, le calme avant la tempête (Magma) et la pression que ramènent certains morceaux (Pray), tout est savammen dosé pour que, écouté d'une traite, l'album soit une succession d'expériences musicale cohérente et variée. Avec les mêmes ingrédients, le nombre de recettes sur la galette est plus qu'honorable. Un disque à la cool et qui groove comme seul Gojira groove.

Alors certes, y en aura toujours pour gueuler "C'est pas Gojira, c'est tout nul, qu'est-ce que c'est que ces voix chantées à la con avec plein d'effets?" mais pas de bol tout ça se dessinait déjà en filigrane dans les anciens albums (Flying whales par exemple). Les morceaux les plus faibles et qui font ressortir de la galette quelque instants sont peut être ceux qui ressemblent le plus à avant...(Only Pain) Comme je l'ai dit, Gojira a pris un de ses aspects que certains pouvaient considérer comme secondaire pour aller un peu l'explorer, en faire quelque chose de neuf. Moi ça me va.

Note: écoutemoiça/20