Trinity est objectivement un meilleur album que L'Étrange Histoire de Mr. Anderson que ce soit par rapport au storytelling plus abouti à l'ambiance générale très futuristique et au concept album qui a ramené un vent de fraicheur dans le rap français l'an passé allant jusqu'à inspirer Squeezie lol


Cependant j'ai trouvé plus de qualités dans ce second opus, à commencer par une réelle mise à nu de l'artiste permettant de s'identifier à l'adolescent/jeune adulte qu'il a pu être avec ses défauts, ambitions et rêves. Un jeune adolescent un peu looser, terme sur lequel je vais revenir plus tard, qui va essayer de se reprendre en main malgré un environnement peu favorable à la réussite de part son caractère toxique.


Les rêves c'est ici le fil conducteur qui m'a fais apprécier réellement cet album et qui l'a porté rapidement haut dans mon estime étant moi aussi un jeune rêveur qui a décidé/été contraint de se réveiller du jour au lendemain après s'être rendu compte que le temps passe et qu'il va falloir se bouger un tant sois peu le cul pour essayer de changer sa vie afin d'être libre, faire du biff, faire des liasses toute ma vie, me mettre high


L'album nous a donc été introduit quelques semaines avant sa sortie avec un court métrage portant le même nom que l'album et nous présentant les différents protagonistes qui auront des rôles centraux dans ce nouveau concept album. Les visuels sont léchés et l'ambiance que travaille Laylow depuis maintenant quelques années se veut de plus en plus maitrisée et propre au rappeur.


J'ai d'ailleurs trouvé ça malin de proposer ce court métrage en guise d'introduction étant donné les nombreux détails dans ses musiques laissant place à l'imagination et son écriture particulièrement visuelle. De plus certains décors font échos à des bribes de l'album et il est donc possible de vraiment retranscrire la scène dans notre tête.


L'album débute donc avec un rêve étrange du rappeur. Un rêve dans lequel Laylow se voit riche, populaire, leader dans sa catégorie et même un peu hautain de son statut dument obtenu avec un travail acharné



J'vois tout plein d'copies s'dupliquer, j'dois toujours rester au-d'ssus Mais, quand des fois j'me sens plus pisser, j'rappelle une pétasse du lycée (wesh) Back to 2010, celle qui méprisait, quel retournement d'veste



Ce rêve représente ainsi le point d'ancrage de sa rage au vente imagée par le personnage de Mr. Anderson. Il s'agit d'un vieux monsieur fatigué, un peu aigri et impatient que son protégé réussisse a s'en sortir et devienne la personne qu'il rêve d'être. Laylow est donc normalement un peu déboussolé et ne développe pas directement une sympathie envers ce personnage moralisateur. Il va cependant revenir fréquemment dans cette histoire et prendre de plus en plus de place jusqu'au déclic ou Laylow va sincèrement vouloir prendre sa vie en main et suivre cette voix dans sa tête.


Pour en arriver jusque la, notre ami va vivre tous un tas d'histoire que j'apparente à l'album Orelsan et Gringe sont les casseurs flowters. Le parallèle est chelou mais je m'explique. La ou les casseurs flowters ont retranscrit l'aspect "bon enfant" de l'adolescent avec la flemmardise, le manque d'argent ou encore les sorties ratées. Laylow apporte cette partie plus "sombre" qui n'est pas exploité par les rappeurs dits "loosers" en règle générale mais qui fait parti de cette jeunesse rebelle et en recherche de soi. Le résultat est don plus brut et la démarche plus sincère selon moi.


Tout commence donc quand la mère de Laylow le réveille, un brin énervée, constatant que son fils est devenu une loque qui n'a plus de motivation ni d'objectifs dans sa vie. A ce stade, Jey tente de se réfugier dans ses rêves pour éviter une réalité qui lui fais peur, qui le déprime.




  • Mère : T'as vu l'heure ?

  • Laylow : Ouais, ouais, j'ai vu, ouais

  • Mère : Allez, lève toi, fais quelque chose, j'sais pas, pfff..

  • Laylow : Mais il fait froid dehors là, j'sais pas, j'suis pas chaud j'crois

  • Mère : Froid ? Mais nous, à l'époque, on marchait des kilomètres pour aller à l'école. On avait envie d'faire des choses. On avait envie d's'instruire, de rendre fiers nos parents

  • Laylow : Ouais, tu dis tout l'temps la même, ouais...



Suite a cette altercation, Jey va donc enfiler un short, le même qu'hier, c'lui de la Juventus en 2014 et rejoindre ses deux acolytes et meilleurs amis pour faire ce qu'ils font de mieux : éviter les responsabilités et tenter de vivre le temps d'une soirée en reniant le temps qui s'échappe. Il va donc leur arriver plusieurs mésaventures tel que se faire virer de la boite de nuit ou ils passaient leur soirée à tabasser une connaissance de connaissance pour extérioriser leur haine. Une fois cette triste soirée terminée, nos trois amis vont rentrer pour se reposer et Laylow va rêver d'une situation perturbante et très bien romancé dans le titre Lost Forest lui permettant de vraiment remettre les pieds sur terre. La fin de l'album est, je pense, un moment à vivre et ne se doit pas d'être retranscrit donc je vous laisse la surprise.



Mr. Anderson : Hé ho ! Arrête de faire cette tête là, c'est bon, tu vas pas crever. Tu vas pas crever parce que tout c'que tu viens d'vivre, c'est un rêve. C'est ton cerveau qu'a construit tout ça. Mais tu t'doutes bien qu'j'y suis pour quelque chose quand même, nan ? Bon, dans ton monde, t'es seul mec. Ni tes amis, ni cette putain d'société t'fil'ra un coup d'main, tu comprends ? C'est nous contre eux. Alors maintenant qu'tu sais ça, tu vas t'lever et tu vas changer les choses pour de bon, ok ? Allez !



Concernant cet album je l'ai donc apprécié et je pense qu'il va me suivre pendant un long moment jusqu'à peut être figurer parmi mes classiques du genre. Le scénario et le "développement" des personnages reste tout de même assez flou et mal amené par certains moments malgré son adaptation en court métrage... Cependant cela reste tout de même honorable de vouloir proposer une imagerie différente de ce qui se fait actuellement et c'est tout en son honneur.


La conclusion de cet album c'est donc un message optimiste. C'est l'histoire d'un gosse banal qui désire obtenir des résultats sans pour autant faire l'effort de se bouger ni de se sacrifier et qui en paie le prix. L'histoire d'un gosse qui a grandi trop vite et qui se voit dépassé par les événements de sa vie. L'histoire d'un gosse qui se reprend en main et qui souhaite faire ce qu'il aime malgré les critiques, les flops et les erreurs de parcours parce qu'au final c'est pas la fin qui compte, c'est le chemin à la clef.

BostonBourbier
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 20 juil. 2021

Critique lue 339 fois

1 j'aime

BostonBourbier

Écrit par

Critique lue 339 fois

1

D'autres avis sur L’Étrange Histoire de Mr. Anderson

L’Étrange Histoire de Mr. Anderson
sauronlannister
9

Entre rêve et ultraviolence : le nouveau trip incroyable de Laylow

Après nous avoir entraîné dans les affres d'une société digitalisée où les cœurs battaient au rythme des basses, où le ciel, noir, était pollué par les pixels des hologrammes, dans ce qui constituait...

le 16 juil. 2021

13 j'aime

L’Étrange Histoire de Mr. Anderson
BestPanther
8

Les yeux nakrés parce que c'est de toute beauté

(titre qui fait référence à Laylow et à La Tour Montparnasse Infernale je pense qu'on peut pas faire mieux) Après Trinity qui était l'aboutissement de son univers et également le meilleur album de...

le 6 août 2021

9 j'aime

3

L’Étrange Histoire de Mr. Anderson
Mⲟⲟи
8

Mr. Anderson : Man Of The Year

Après le succès fulgurant de ''trinity''. Laylow s’est vu mettre sur le devant de la scène rap francophone. Ses ventes se sont triplés et Il a reçu les éloges des critiques. En effet, beaucoup le...

le 16 juil. 2021

8 j'aime

2

Du même critique

untitled unmastered.
BostonBourbier
8

Pimp-Pimp Hooray !!

Mhhh faire une critique avec mon niveau d'écriture sur un album de Kendrick qui viens de sortir c'est du suicide mais bon c'est pas grave je me lance. Il faut savoir que "Good kid, m.A.A.d city" et...

le 6 mars 2016

6 j'aime

6

Or noir
BostonBourbier
10

Toutes les meilleures punchlines ont déjà été prises, dsl

Kaaris c'est un phénomène qui s'est fait découvrir par le grand public grâce à son couplet anthologique sur Kalash avec Booba. Peu de temps après,alors que personne ne s'était remis de la punchline...

le 24 mai 2020

6 j'aime

The Neon Demon
BostonBourbier
6

Hungry for Beauty

The Neon Demon, je t'attendais tiens, je reste un peu sur ma faim tant tu oscilles entre le bon et le mauvais... Dans l'ensemble les intentions sont bonnes, les plans ainsi que la bande son font un...

le 16 juin 2016

3 j'aime