Fred Frith - Susana Santos Silva – Laying Demons To Rest (2023)


On connaît assez bien Fred Frith, mais sans doute un peu moins la trompettiste Susana Santos Silva, je vous en avais touché un mot à propos d’un autre duo qu’elle avait formé avec le contrebassiste suédois Torbjörn Zetterberg, avec lequel elle avait enregistré l’album « Tomorrow », en deux mille vingt et un. Établie en Suède elle est cependant d’origine Portugaise, et l’on pourrait sans difficulté la rattacher à la nouvelle vague de la musique improvisée européenne.


On reste dans un domaine proche avec ces nouveaux duettistes, en gardant pour horizon le dialogue et les échanges autour de l’improvisation. C’est un enregistrement qui à l’origine était conçu pour France Musique, lors d’un concert, le vingt-sept août deux mille vingt et un, à Mulhouse, pendant le festival « Météo ». Une seule pièce est enregistrée, de près de quarante-deux minutes, « Laying Demons To Rest ». Le son est très bon, peut-être le lieu a-t-il son importance, « Le Motoco », une grande salle de béton et de verre. Il est heureux que RogueArt ait pu sortir l’album si vite.


Les deux artistes se connaissent bien, ayant déjà joué ensemble. Le visuel, au travers des photos sur le Cd, nous présente Fred Frith assis, la guitare à la main ou sur les genoux, devant diverses pédales à effets. Inversement, Susana Santos Silva semble toute frêle, debout face à son micro, elle joue de la trompette et utilise, ou non, une sourdine.


Fred Frith joue de sa guitare de façon habituelle, ou, de temps en temps, avec un archet, il caresse ou frappe alors les cordes de sa guitare qui repose sur ses cuisses. Ça n’a l’air de rien, mais son éventail est ainsi multiplié, d’autant que les pédales lui fournissent une infinité de possibilités, à lui seul il est capable de former une fresque sonore complète.


Je vous rassure, il n’a pas l’âme impérialiste et c’est à deux qu’ils respirent ici, chacun respectant l’autre et lui fournissant une assise propre à laisser libre cours à son imagination. On reconnaît par contre le son de la trompette qui s’épanouit facilement sur le tapis sonore tissé finement par Fred Frith. Les deux vont bien et Susana use également de transfuges pour faire sonner son instrument de façon peu orthodoxe, tout en gardant le fil avec son partenaire, il est gratifiant de se concentrer sur son jeu, souvent langoureux, créant comme une attente.


La musique est propice à libérer l’imagination de l’auditeur, et devient rapidement bénéfique pour peu qu’on se laisse guider lors de l’écoute.

xeres
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le 17 mai 2023

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