Koi no Yokan
7.4
Koi no Yokan

Album de Deftones (2012)

Étrange parcours que celui de Deftones ces dernières années, depuis l'accident de Chi Cheng qui a mis dans le coma le bassiste et son remplacement obligé par Sergio Vegas (anciennement membre de Quicksand), le groupe a cependant le vent en poupe grâce au magnifique 6ème album, Diamond Eyes, sorti en 2010.
Deux ans plus tard le groupe qui flirte entre néo-métal et new-wave nous annonce son nouvel album avec comme titre, Koi no Yokan, du japonais. On peut traduire cela par le moment où en rencontrant quelqu'un on sait qu'on va tomber amoureux sans l'être pour autant à ce moment précis. Les dernières secondes avant le coup de foudre en somme. Deftones espèrent-ils nous faire retomber amoureux ? Il faut dire qu'annoncer dans la lignée de White Pony, le plus grand succès du groupe, on a le droit d'attendre du lourd. Les deux premiers singles, Leathers et Tempest ne vont pas pour autant nous rassurer, en effet, si les deux sont assez romantiques, avec un poil de violence, on a le sentiment d'avoir une suite de Diamond Eyes un peu réchauffé, comme si le groupe ne voulait pas prendre de risque. Certes, on sent davantage l'aspect ambiance sonore mais on manque de puissance, cependant, le travail sur le son est là …


Avec une pointe d'appréhension, on lance le disque. Mais c'est là la magie de Deftones, à peine le premier riff de Swerve City lancé que toutes mes craintes s'effritent. Si l'on peut voir une certaine proximité avec l'aspect violent de Diamond Eyes, on est plus proche d'un néo-métal que du rock-punk agressif de l'album précédent. Le tout avec la voix de Chino qui fait merveille bien entendu et nous amène immédiatement dans un univers de sensualité, notons une évolution de son de basses, notamment avec une overdrive, loin du son bien rond qu'on avait l'habitude d'entendre avec Deftones. Romantic Dreams revient à un son plus conventionnel de la quatre cordes, de la même façon le riff de Stephen Carpenter (guitare) est plus proche du métal là où Abe (batterie) remet en avant sa frappe si unique qui a fait le son Deftones. Pour l'instant, oui, nous assistons au nouveau White Pony du groupe.

C'est également à ce moment là qu'on retombe sur Leathers, déjà connu, on apprécie cependant d'autant plus l'intro si calme et douce à ce moment, de même la vitesse à laquelle couplets et refrains s’enchaînent, calme et violence. On comprend mieux les plans de Deftones, être plus hétérogène tout en restant eux-même avec leur son si reconnaissable. Après un début un peu étonnant, l'aspect ultra violent de Poltergeist arrive, la guitare se fait particulièrement accrocheur, Stephen serait il le nouvel homme fort de Deftones ? On voit aussi arriver un nouveau stéréotype, les couplets violents et les refrains plus aériens … Quel dommage, quelque part ce morceau souffre de cette faiblesse tant l'instrumental est beau, pour une fois c'est le chant qui pèche en étant si commun à ce que Deftones a déjà l'habitude de faire. Entombed est le premier morceau résolument calme, il met du temps à se mettre en place, cependant bien que parfois il se déchaine c'est toujours avec souplesse et mélancolie, on trouve ici un morceau assez différent de ce que nous avons le droit d'habitude tout en ayant la patte du groupe. Sans être un tube, c'est une très belle révélation de l'album. Encore une fois on peut noter l'aspect harmonieux, mélancolique et sensuel qui s'échappe de la musique deftonienne.

Comme une rupture avec ce passage, Graphic Nature revient vers un métal plus conventionnel, plus White Pony, que ça soit dans le son, dans le chant ou dans l'ambiance général qui se dégage, une maturité musicale que le groupe connaît bien. Sans être un morceau incroyable ou celui qui se dégage le plus de l'album, il s'agit pour moi d'un des plus gros coup de cœur de l'album. Il est suivit par Tempest, qui, si seul a un goût de réchauffé de Diamond Eyes, fait bien plus mature écouté avec l'album. Plus fort dans les refrains, plus envolé aussi, encore une fois le schéma est très proche de ce qui a été fait par le passé (ou dans les pistes précédentes tout simplement) par Deftones, mais encore une fois la guitare est envoûtante, la batterie d'Abe aussi notons le, ces deux là ont vraiment un talent monstrueux. En parlant de batterie guitare, la basse les rejoint pour faire un début très violent sur Gauze, cette fois, Deftones remonte encore plus loin, on sentirai presque le morceau sorti de Around the fur (2nd album du groupe, sorti en 1997), la basse est ici très présente, à la fois envoûtante et complexe, on oublierait presque qu'elle ne fut pas si remarquable pour le reste de l'album, mais Deftones c'est aussi ça, un grossissement du son par la basse et parfois, la mettre en avant. Rosemary se veut être une ballade composée d'envolées, cependant ça sent un peu le réchauffé tant Deftones nous en a déjà servi dans l'album, le hic étant qu'elle n'a pas plus de saveurs que les pistes précédentes, ma première vraie déception de l'album.

En opposition totale, Goon Squad met du temps avant que l'intro ne se termine, mais là encore le son très violent de la période White Pony revient, même si on remarque que les refrains piochent finalement plus dans Diamond Eyes, une sorte de synthèse fut amorcer par le groupe. Plus crystallin et agressif que l'accoutumé, et ce malgré un album pourtant violent, on continue à être touché par cette agressivité jusqu'au bout. Et justement, en parlant de bout, on arrive à la fin de l'album avec What happened to you, une batterie présente, l'ambiance new-wave se fait presque populaire, mais c'est assez amusant d'entendre cet aspect décalé pour Deftones, l'union basse/batterie est particulièrement réussit dans un registre peu habituel, Stephen et Frank (clavier) soutiennent l'ambiance pour que la voix de Chino puisse se poser sans aucun soucis. En total décalage par rapport au reste de l'album tout en ayant le son Deftones, ce morceau est une belle surprise pour terminer Koi no Yokan.


Voilà, maintenant passons au verdict, est ce un album réussi ? Oui, sans aucun doute ! L'album flirte entre rock, métal, néo-métal, new-wave pour finalement nous apporter le son Deftones pur par excellente, une évolution par rapport à Diamond Eyes, cet album ayant été bien ingéré et digéré afin d'apporter à Deftones non pas un virage, mais un vrai développement à leur œuvre. Mais, s'agit il d'un second White Pony ? Dur à dire, je pense que White Pony avait eut ce succès car il était sorti au bon moment, provoquant un tournant majeur dans l'évolution de Deftones là où Koi no Yokan est la suite logique des événements, de plus il n'y a pas autant de grands tubes même si Swerve City, Poltergeist, Graphic Nature et Gauze risquent d'etre très entendus en concert. Peut être pas aussi bon que son illustre ancêtre, mais pas loin, tel sera mon avis final, Deftones nous fait définitivement retomber amoureux d'eux.


Critique écrie et publiée sur le site RDM-Radio
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mavhoc
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le 16 nov. 2012

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