Henri Salvador, plus qu'un amuseur, un avant-gardiste de talent ?

Vous avez appris à aimer Henri Salvador lorsque enfant vous rembobiniez la cassette pour l’entendre narrer une nouvelle fois les exploits du grand Zorro ? Vous l’avez redécouvert en 2000 lorsqu’un duo de jeunes artistes talentueux (Keren Ann et Benjamin Biolay) lui avait offert un retour remarqué avec leur “Jardin d'hiver” ?

Il vous faut maintenant découvrir une facette plus expérimentale d’Henri Salvador. Dans les années 1970, il décide de reprendre sa liberté de créateur en lançant son propre label. A l'instar d'un François de Roubaix quelques années plus tard qui aménage son home studio, il équipe son appartement de magnétos, boîtes à rythmes et synthés et enregistre des titres dans son appartement place Vendôme.

Il y a des sonorités sur ce disque qui semblent terriblement actuelles. Prenez par exemple les dix premières secondes de la chanson “L’amour va, ça va”. On croirait entendre un titre du groupe de dream pop Beach House. Ou les filtres sur la voix de "On l'a dans le baba" qui évoquent un vocodeur daftpunkien.

On navigue entre la loufoquerie d'un Jean Yanne (les chansons "Sex Man" ou "Pauvre Jésus-Christ") et le talent pur d'un musicien de jazz ayant côtoyé Django Reinhardt (la reprise du standard "Someday my Prince will come").

Bravo au label Born Bad Records qui continue son beau travail de mise en lumière du travail de chanteurs atypiques comme leur proposition en 2020 autour de Pierre Vassiliu.

Titres préférés : "Siffler en travaillant", "Et les mandolines", "Un jour mon Prince viendra".