Hejira
7.7
Hejira

Album de Joni Mitchell (1976)

Au premier abord, ce pourrait être qu'un album sans tube au milieu de sa vaste discographie. Mais c'est celui que nombre de ses fans préfèrent pour cette ambiance particulièrement douce et relaxante qui tranche avec le son plus folk rock des albums précédents. Car en plus de sa qualité déjà établie à composer des belles mélodies pour raconter ses émotions intimes, c'est le travail accompli au niveau des arrangements de guitares, de basse (avec l'aide de la pointure Jaco Pastorius qui rejoindra le groupe Weather Report juste après) et autres instruments ingénieusement trouvés qui rend cet album si plaisant à écouter.

Avec le très réussi premier titre "Coyote", on voit comment les morceaux sont structurés la plupart du temps: l'intro révèle le motif principal, puis Joni Mitchell pose ses couplets pendant que la tension monte au gré des arrangements, et l'ambiance finalement obtenue se prolonge une dernière minute avant de fondre lentement.

Sur "Amelia", j'aime beaucoup l'utilisation discrète du vibraphone ainsi que les licks de guitare très mélodiques qu'on trouve aussi dans "A Strange Boy". L'intensité émotionnelle atteint son paroxysme avec le superbe morceau titre "Hejira" et aussi "Black Crow" où la pureté de sa voix fait juste merveille. Je retiens aussi "Furry Sings the Blues" pour l'harmonica joué par l'ami Neil Young, "Song for Sharon" même si un peu long, et le très mignon "Blue Motel Room". Et sans se pencher sur les paroles qui racontent divers épisodes de sa vie à l'époque, on sent que pour chaque morceau l'atmosphère correspond bien au titre, et que l'album forme un tout cohérent qui s'écoute bien d'une traite en nous faisant rêvasser dans une sorte de mélancolie paradoxalement agréable.

Pour finir, précisons que le titre vient de l'arabe hijra (référence à l'exil de Mahomet en 622 toussa) et d'après toutes les sources Joni Mitchell a composé cet album pendant une traversée des US en vacances, ce qui lui a visiblement permis de trouver beaucoup d'inspiration. Le revers, c'est qu'on peut trouver les morceaux complexes à suivre, surtout quand on ne comprend pas les paroles. Pour mieux cerner la musique de Joni Mitchell, je recommanderai d'écouter d'abord son premier gros tube Both Sides Now puis les albums Blue et Count and Spark, pour ensuite apprécier et peut-être rester marqué à jamais par la beauté d'Hejira. Juste dommage qu'à l'heure actuelle sa discographie ne soit pas dispo sur Spotify, mais espérons que cela change un jour.

ThomasOussar
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le 24 mars 2023

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