Heathen Chemistry
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Heathen Chemistry

Album de Oasis (2002)

On pensait Oasis se remettre un peu en question face aux ventes relatives de leur premier album du nouveau millénaire, surtout face à l'orgie sonique de Be Here Now qui, même si il dépassa rapidement les 7 millions d'exemplaires vendus, fut fustigé rapidement après sa sortie (NME ne s'en est toujours pas remis), but who cares? Après un Familliar to Millions enregistré pour, soyons honnêtes, l'oseille, le groupe étant au bord de l'implosion, Heathen Chemistry débarque en ayant pris son temps. Deux ans pour pondre du matériel neuf à la lisière du grotesque, élevant le plagiat au rang de doctrine, en faisant toujours fi des critiques incessantes face au son pachydermique d'une production qu'on croirait encore noyée sous des tonnes de poudre.

Débuter l'album par un Hindu Times planant, c'est quelque chose. Presque de la provocation, Liam n'aura jamais autant chanté avec si peu de retenue. Tous les gimmicks géniaux et abrutissants sont là, même cette guitare distordue au loin qu'on aurait cru totalement disparue après Be Here Now. Noël est là pour rappeler qu'avoir un Iggy Pop sous la main aide beaucoup quand on ne sait pas trop quoi écrire avec Force of Nature et ce dès son introduction. On l'oublie très vite pour les moulinets hard-rock géniaux de Hung In A Bad Place et la voix de Liam encore plus arrogante que le jeu de scène de Keith Richards guitare en main. La seule lueur de douceur et d'humilité viendra de Songbird, sublime d'évidence, encore plus simple que Little James et encore plus proche de Lennon, prouvant en trois accords que Liam était, l'arrogance mise de côté, le meilleur chanteur de britpop.

Après le split d'Oasis, la carrière de Noël prouve qu'il était le cerveau d'Oasis, mais pas la voix. Little By Little diffuse le juste nécessaire d'ennui, de rock fm, qu'on pourrait passer sur RTL2 même 20 piges plus tard, qu'on continuerait de se brosser les dents devant le miroir sans y prêter trop attention. A Quick Peep, paresseux, rappelle qu'Oasis a toujours essayé de faire un peu de roots rock sans trop se mouiller, Johnny Depp avait senti l'urgence de venir filer quelques années avant un coup de main parce que, quand même, ce n'est pas si terrible que ça. Liam, toujours Liam, remet les compteurs à zéro avec le tellement Beatlesien All In The Mind, accompagné des très jolis choeurs de Noël et la voix de Liam dont le taux de glycémie a sûrement pété tous les compteurs. Mais qu'importe, c'est comme le popcorn au cinéma, c'est vilain comme tout, on s'en écoeure au bout de cinq bouchées, mais merde, quel plaisir. L'enchaînement avec She Is Love, et son instru trente-cinq ans d'âge, relève de ce même petit bonheur éphémère : bien joué le frangin. On se demande tout de même ce que vient faire Born On A Different Cloud et sa production digne de Robbie Williams, malgré un piano à la McCartney, Liam l'avait d'ailleurs écrite pour son gamin à l'époque de Standing.

Sans gros tubes à l'horizon, Heathen Chemistry poursuit la nouvelle route entrevue par Oasis après l'écroulement de Be Here Now, celle de faire des albums sans grosse pression, laissant de côté la machine à hymnes pour se concentrer sur ce qu'ils savent faire de mieux en allant fouiller dans la cave deux trois riffs, deux trois motifs aux claviers qui les ont obsédé dans leur plus tendre jeunesse, en se recyclant juste ce qu'il faut (Better Man ressemble tout de même à Fuckin' In The Bushes un chouille plus lent), en prenant soin de mettre les petits gars de Liverpool au centre de la table tout du long, comme pour se rassurer et orienter la boussole dans le bon sens. Du pain béni pour les détracteurs, une délicieuse brioche bien beurrée et sucrée pour les fans, pour les gourmands. Et, aussi étonnant que cela puisse paraître, tient bien l'épreuve du temps.

XavierChan
7
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le 17 juil. 2022

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XavierChan

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