C’est là que la saga Harry Potter prend un tournant décisif ; Mike Newell et Alfonso Cuaron ne pouvant assurer la réalisation, c’est à David Yates que l’on confie le projet, c’est logiquement son compositeur attitré Nicholas Hooper qui se chargera d’enrichir encore plus l’univers musical d’Harry Potter. Et … le film est certes décevant comptes tenu de la richesse du livre (c’est pas pour rien que c’est le plus long), mais qu’en est-il de la musique ? Mais y parvient-il vraiment ?


Déjà, le premier point positif, c’est que le revirement attendu est bien au rendez-vous, on sent d’entrée de jeu le changement complet au niveau des registres employés : finies les envolées orchestrales, fini les flûtes et les grelots chaleureux de Poudlard. Ici, place à un monde plus sombre, plus froid où nos protagonistes se voient contraints d’y vivre avec plus de maturité (en théorie, hein). La magie a évoluée et n’a plus le côté attrayant d’autrefois, et la musique retranscrit bien ce changement net, ce qui est une très bonne chose. Elle se veut intimiste, mélancolique malgré quelques notes d’espoir (le style est beaucoup plus posé, évolue très calmement dans les séquences au château), mais également agressive : usage de cordes stridents, percussions brusques une belle réutilisation des voix (en écho à celle des 3 premiers films qui n’avait pas du tout la même visée).


A noter quelques reprises ça et là en guise d’hommage au travail de Williams (hormis le « Hedwig’s Theme ») que ce soit pour HP I et II (« The Room of Requirments » qui durant les séances d’entraînements de l’AD représente l’espoir de retrouver un monde aussi attrayant qu’auparavant, et s’essaie donc à la musique vraiment « magique »), ou HP III, qui esquissait déjà subtilement le passage vers un monde plus ténébreux (voix du Patronus, par exemple).


Le changement est donc bienvenu, mais va-t-il pour autant dans la bonne direction ?
Commençons par le meilleur : en effet, des thèmes sympathiques ont vu le jour : notamment « Fireworks », le thème de Fred et Georges, retranscrit parfaitement leur personnalité tels des anomalies dans le contexte actuel (même si on y trouve de la guitare électrique (oui) pour montrer leur dynamisme d’jeuns, ce qui n’était pas vraiment nécessaire –‘), et a même été crédité en tant que morceau phare de cette Bo à en juger par sa position dans l’album. De même pour « Professor Umbridge », marche pompeuse et frivole de la grande inquisitrice, magnifiquement restituée durant le sommaire au milieu du film visant à montrer toute l’étendue de son pouvoir. Certes, c’est loin d’avoir l’ampleur de ce qu’un Williams pourrait donner sur le même sujet, mais ça reste très satisfaisant.


Et après on a le reste, et c’est en demi-teinte : au niveau du film, pour commencer, :: la magie n’est plus soulignée avec le même enthousiasme. Jusque là tout est normal, mais on se rend vite compte que la place de la musique en elle-même est considérablement réduite chez Yates ; on a étouffé la musique plutôt que de lui donner la place nécessaire pour changer l’atmosphère d’une scène, à part les thèmes phares exposés ci-dessus. D’autant plus que c’était l’une des grandes marques de fabrique d’Harry Potter. Il faudra vraiment se concentrer pour parvenir à remarquer sa présence tant elle est effacée !


De plus, elle est limitée par le choix évident du compositeur : le minimalisme. A mon sens, c’est une erreur, car cela revient à rendre l’histoire, la magie, les actions moins importantes et moins intéressantes en un sens (la réunion clandestine à la taverne aurait au moins être plus valorisée), alors qu’elles ont évoluées, et non baissés en intensité (la mort de Sirius, merde !). Les procédés orchestraux se limitent pour la plupart à des ostinatos de remplissages, ou à une note continue en arrière plan, ce qui a pour conséquence de rendre de nombreux morceaux lisses et sans réel intérêt : « The Kiss » est insipide, mais ce n’est malheureusement pas le seul dans ce cas ; le piano et le sifflement après l’introduction « Another Story » ; « Flight of the Order of the Phoenix », malgré son énooorme potentiel n’a rien de mémorable. Certains morceaux tombent même dans la naïveté, ce dont il fallait précisément se démarquer (l’intro de « The Ministry of Magic », sans déconner ... on retrouvera même ça dans le 6 avec « School ! »).


Revoir la composition orchestrale était la bonne démarche à suivre (seul la flute et les cordes dans une moindre mesure assure le relais), mais le sous-exploiter sous prétexte que la magie est moins attrayante s’est révélé être un mauvais choix. De nombreux efforts sont à relever, mais le choix du minimalisme est vraiment ce qui pénalise l’ensemble, qui paraîtra par moments sans saveur. Toutefois, il l’assume pleinement, ce choix, et donne au moins à la Bo une certaine cohérence en elle-même à défaut de (pouvoir) aider un film qui en avait bien besoin.

Soundtrax
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le 17 juin 2014

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