Retour du magicien musical le plus prolifique de notre époque.

C'est après environ trois ans d'attente, et beaucoup, vraiment beaucoup de nouveaux morceaux, maquettes et démos sortis sur sa chaîne Youtube personnelle (quasiment un nouveau morceau par jour durant les confinements), que notre Anton Newcombe international revient nous mettre en transe avec le Brian Jonestown Massacre. "Fire Doesn't Grow On Trees", dix-neuvième album du groupe, puise son énergie et sa force dans un "retour aux sources" et dans une simplicité brute et radicale qui n'est pas sans rappeler les heures plus vagabondes et chaotiques d'Anton et sa bande ("Take It From The Man", "Give It Back!"). Un album dans lequel constat presque politique et poétique d'un monde qui s'effondre, se mélange et ne fait qu'un avec une certaine volonté de chanter l'espoir et l'amour.

Le morceau "The Real" nous met dès le début, sans nous prévenir, dans une montée transcendantale; le buvard d'acide de trop pour certains, celui qu'il fallait pour d'autres. Le rythme en saccades et les guitares abrasives et planantes nous dresse directement le tableau psychédélique que s'apprête à nous dévoiler le reste du disque.

"Ineffable Mindfuck", aux accents krautrock et space-rock, vient doucement se glisser dans nos petits cerveaux tel un sombre vortex et nous invite à une danse des plus rythmées et répétitives.

Certains, éventuellement, se sentiront ennuyés face à un album qui peut paraître redondant sous certains angles. Mais c'est justement ça la magie du Brian Jonestown Massacre, une même suite, un même schéma de trois accords, souvent les mêmes, qui se répètent, se confondent, échangent leur place et le temps qu'on leur accorde dans les morceaux pour finalement créer cette fameuse transe psychédélique.

L'énergie rock'n'roll et presque folk blues du morceau "It's About Being Free Really" n'est pas sans rappeler "Thank God For Mental Illness", album du groupe entièrement acoustique, extrêmement DIY et punk dans la démarche et l'esthétique, sorti à leurs débuts dans les années 90.

Énorme coup de coeur pour "What's In A Name" et son subtil synthé qui vient nous chatouiller l'âme avec sa mélodie en répétion tout du long. Aussi, les lyrics d'Anton style "Did someone drag your dreams away ? Or did you sell your soul for rent to pay ?" ou alors "Love is on its way, To brighten up your day" ne laissent pas insensible non plus.

Globalement, "Fire Doesn't Grow On Trees" est une énième démonstration de force productrice de la part d'Anton Newcombe. Un bijou réconfortant pour les oreilles des fans, certes, mais peut être aussi encore un autre album de trop qui ressemble à tous ses prédécesseurs pour ceux qui se sentent moins proche du groupe.

Mention spéciale pour "You Think I'm Joking ?" et ses guitares façon cowboy sous acide qui pourraient apparaître dans une bande son composée par le grand Ennio Morricone.

Rien à signaler chez "Silenced" ou "Before And Afterland", on y retrouve les mêmes codes musicaux et stylistiques habituellement utilisés chez les BJM et ça fait plaisir. Une même brume colorée qui nous enveloppe et nous fait planer.

Le disque se termine de manière logique et épique avec "Wait A Minute (230 to be exact)" et ses passages à la guitare douze cordes qui nous renvoient directement le son et l'image d'Anton sur scène avec sa Vox Phantom; puis, "Don't Let Me Get In Your Way", sincère, honnête, direct.

C'est ça, finalement, "Fire Doesn't Grow On Trees", un album honnête et sincère, sans prétention et sans prise de tête, fait par un génie musicale et sa bande de musiciens géniaux (Rob Campanella, Frankie Teardrop, l'icônique Joel Gion, etc) pour une fanbase qui sait ce qu'elle veut.

Vivement la fin de l'année pour la suite avec le prochain album qui s'intitulera "The Future Is Your Past" (ça promet), et qui, espérons, sera encore plus profond, intense et véhément que celui-ci.


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le 12 juil. 2022

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Jules Vidal

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