Qui a dit que la scène rock de NYC était morte ? Certainement pas ceux qui connaissent The Mystery Lights.


D'abord formé en Californie à Salinas, maintenant basé à New York, le groupe mené par Mike Brandon sort un premier album éponyme en 2016 et c'est très prometteur. Premiers passagers de l'aventure Wick Records, division rock du gros label de soul Daptone Records, les Mystery Lights débarquent radicalement et simplement avec un mélange explosif de rock garage des 60's, de vieux punk et de blues bien énervé. En clair, si tu fais partie des gens qui se sont fait happer par cette vague de "revival du rock psychédélique" qui a déferlé ces dernières années et que tu écoutes en boucle des groupes comme Night Beats, Thee Oh Sees ou les Mystic Braves, alors cet album est fait pour toi.


The Mystery Lights c'est avant tout un son, oh oui, un son tout droit sorti des années soixante ! On pourrait presque croire que l'album a été enregistré juste avant Woodstock. Pour arriver à ce rendu, rien de bien complexe, les types enregistrent absolument tout en analogique. Rien de numérique, aucun ordinateur, pas de boutons inutiles, bref, c'est pur, c'est brut et ça marche.


Ce qui fait également le charme de cet album, c'est bien entendu ce qu'il s'y passe : des guitares sauvages qui partent dans tous les sens (on imagine parfaitement Mike Brandon maltraitant sa Washburn demi caisse à grands coups de médiator en sautant partout); un synthé tout droit sorti des années soixante qui se balade délicatement et avec amour sur certains morceaux; et la voix de Mike Brandon, un peu criarde certes, mais remplie de révolte et d'ivresse, qui occupe parfaitement l'espace musical de l'album et qui rythme émotionnellement chaque morceau.


Au niveau des textes, rien à redire. Les sujets évoqués sont très courants dans le rock psychédélique et dans le rock en général : l'errance, la haine, l'étrangeté, la schizophrénie, les névroses, la dépression, la solitude, l'ambivalence, les femmes, la tristesse, la mélancolie, l'autodestruction, le temps, la drogue, le regret, l'amour, la mort, la religion. Au final, tous ces sujets construisent l'album d'une manière poétique très noire et assez décadente, manière qui va orchestrer et colorer l'ambiance général de l'album.


Car même si on peut extraire chaque morceau et les écouter séparément, cet album reste au fond un album qui s'écoute d'une traite, du début à la fin, comme une histoire contée de laquelle il ne faut louper aucun passage pour comprendre le fond de celui-ci, pour capter l'ambiance générale et pour s'imprégner de tous les ressentis que Mike et ses acolytes veulent transmettre.


L'album de The Mystery Lights c'est aussi, et accessoirement, un très bel objet. Une pochette d'album épurée, minimaliste et complexe à la fois, qui image assez bien ce qui se dégage musicalement de l'oeuvre en elle-même. C'est aussi un vinyle rouge pétant, chose qui peut faire plaisir à énormément de collectionneurs et autres fondus du microsillon.


Finalement, mis à part le fait que cet album puisse très légèrement se répéter, et que le leader possède une voix susceptible d'en énerver certains, The Mystery Lights c'est un groupe qui s'inscrit dans son époque avec brio et qui en ramène une autre à la vie, c'est la sueur au fond d'une cave pendant un concert de punk, c'est un poème qui sent l'alcool récité à 5 heures du matin au fond d'une rue sombre, c'est un cri que personne n'entend, c'est du sang sur les cordes usées d'une guitare, c'est un buvard d'acide pris en 1967 qui fait voir la modernité de 2017, ou plutôt un buvard d'acide pris en 2018 qui fait voir la révolte de 1968. C'est un peu tout ça, mais c'est surtout du rock, du vrai et ça, ça fait du bien.

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le 22 avr. 2018

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Jules Vidal

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