Après des années 1960 guère inspirées et surtout marquées par un Elvis traînant à Hollywood, enregistrant surtout des bandes-originales pour des films dont il était la vedette, il renaît de ses cendres avec son come back de 1968.


On retrouve ainsi le vrai Elvis, le King, tant sur scène qu'en studio où, entouré de musiciens et de compositeurs talentueux, il chante merveilleusement tout en assurant le show, brassant ses genres de prédilection, les origines de la musique populaire américaine (Gospel, soul, rock, country ou blues). Elvis Country trouve ses origines dans une fantastique session qui dura 5 journées (nuits incluses) en juin 1970 dans les studios de la RCA à Nashville, où, avec des musiciens au top, il enregistre, en condition live, un nouveau répertoire, avec l'idée de retrouver ses racines musicales.


Une partie des titres issus de cette session sera utilisés dans l'album That's the Way It Is, puis pour Elvis Country. Néanmoins, le titre est trompeur, Elvis Roots ou une appellation de ce type aurait été plus logique, car s'il y a bien de la country, c'est à peine la moitié de l'album. Le King revient ici, aussi, vers le blues, un peu de slow ainsi que du bluegrass ou du rockabilly. Pour mener à bien cette mission, il est accompagné, notamment, par Charlie McCoy, capable de jouer de nombreux instruments et proche de Bob Dylan, David Briggs, futur accompagnateur de Neil Young et superbe joueur de clavier ou encore une section rythmique tout droit venue de Muscle Shoals.


Elvis Country à la particularité d'avoir une chanson cachée, I Was Born Ten Thousand Years Ago, séparée en plusieurs parties et faisant le lien entre chaque chanson. La douce Snowbird ouvre l'album et montre, déjà, que la voix du King est superbe, il chante merveilleusement les racines de la musique américaine et ce sera ça tout l'album. Elle est un symbole de ce qui fonctionne dans l'album, l'inspiration, la voix, l'alchimie des musiciens ou encore l'utilisation des chœurs et d'instruments additionnels, ici les violons.


Lorgnant vers le gospel avec Tomorrow Never Comes, la country reprend ses droits avec Little Cabin On the Hill et sa superbe partition d'harmonica, deux titres sonnant authentiques et le dernier cité donnant l'impression d'être dans un saloon. Elvis est en pleine forme, en témoigne sa reprise énergétique de Jerry Lee Lewis avec Whole Lotta Shakin' Goin' On qui détonne ici tout en étant parfaitement exécuté. Rarement il n'aura été, à ce point, mélancolique avec sa très belle version de Funny How Time Slips Away, reprise de Willie Nelson qui ne manque surtout pas d'émotion, sublimée par un orgue d'église. Concluant la première face avec I Really Don't Want to Know, une jolie chanson country, il brille, à nouveau, par sa voix de velours.


C'est dans la continuité qu'il ouvre la seconde face, avec le slow country There Goes My Everything. La géniale It's Your Baby, You Rock It lui permet d'inscrire la country dans une veine plus moderne, sa voix, les chœurs ou encore l'harmonica, tout est parfait dans cette chanson. L'intro de The Fool nous met de suite dans une ambiance blues rock, qui va continuer avec Faded Love, deux très bons titres, avec une guitare électrique agressive et mémorable, sublimée, aussi, par l'harmonica pour ce qui est de cette dernière. On retrouve ce côté électrique avec I Washed My Hands In Muddy Water où c'est le sax et l'harmonica qui viennent se mêler à la fête. Make the World Go Away permet de finir sur une note plus douce et romantique, une belle conclusion pour un retour aux racines réussi et authentique.


Derrière cette pochette nous dévoilant la bouille du petit Elvis de deux ans, se cache un King alors au top, sa voix est superbe, on ressent son assurance et il est très bien entouré. Issue d'une longue session, il revient ici vers ses origines, certes country mais pas que, l'album est aussi blues, rock et doux, de quoi (re)découvrir plusieurs facettes d'Elvis. Il n'y a pas vraiment de fausses notes, quelques moments mémorables mais surtout une atmosphère chaleureuse traversant l'album, authentique aussi, avec ses petits pics d'émotion.


Face A :


Snowbird
Tomorrow Never Comes
Little Cabin on the Hill
Whole Lotta Shakin' Goin' On
Funny How Time Slips Away
I Really Don't Want to Know


Face B :


There Goes My Everything
It's Your Baby, You Rock It
The Fool
Faded Love
I Washed My Hands In Muddy Water
Make the World Go Away

Docteur_Jivago
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le 1 févr. 2022

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