Drones
5.3
Drones

Album de Muse (2015)

Muse n'est plus inspiré.
Muse est redevenu un adolescent de 14 ans venant de découvrir RATM, et qui essaie de faire passer des messages politiques dans ses chansons avec la subtilité d'un cachalot.
Muse ne sait plus écrire de textes.
Muse voulait refaire du rock et a engagé le producteur d'AC DC, le problème c'est que ce producteur a aussi produit Lady Gaga et Nickelback, pas de bol, ils ont sorti Dead Inside et Mercy. Mais bon, ne mettons pas tout sur le dos du producteur.
Muse a aussi refait du rock, avec de petites touches électroniques ici et là.
Mais Muse est moins mature aujourd'hui qu'il y a 14 ans, à la sortie d'OOS. Et ces nouveaux sons rock qu'ils ont sorti je les trouve moins bons.
Je ne sais pas si c'est vraiment vrai, mais on m'a dit que c'est ce que Freud appelle une régression. (Non mais on me l'a vraiment dit hein, va pas croire que je suis allé chercher ce qu'a dit Freud juste pour écrire une critique.)
C'est bizarre, Muse me laisse confus, perplexe. Parce que tout n'est pas à jeter sur la dernière galette de Muse.


C'est un peu ce que j'ai pensé en sortant de ma première écoute, durant laquelle j'ai souri comme un imbécile, j'ai explosé de rire, je me suis mordu le poing ainsi que mon coussin qui était à proximité et je me suis gratté la tête plus d'une fois. Pourquoi ? Parce que j'étais confus. Je ne savais pas vraiment ce que j'étais en train d'écouter. Bon, je l'ai bien sûr réécouté, et il m'arrivait encore de me gratter la tête en réécoutant certains passages.


Il y a des trucs ridicules dans Drones.
Les textes, le chant de Bellamy sur certains morceaux, les transitions sur d'autres, ce putain de sergent de merde qui nous suit à travers l'album avec ses commentaires à la con, la pochette, (Représentation très explicite et très réussie de l'acte de masturbation intellectuelle. Ça reste quand même moche à voir.) The Globalist qui est un gros gâchis avec ses passages chantés soporifiques qui donnent l'impression que Muse recycle ses propres chansons, pire, que Muse recycle ses propres chansons recyclées à partir d'autres. Revolt qui n'a rien à faire là, qui n'hésite pas à plomber la cohérence de l'album comme si c'était pas suffisant, Aftermath qui est bah, niaise un peu. Psycho, avec son message anti-armée super éculé et ses samples tellement ridicules que ça en devient drôle, avec son riff tout moche et son pont mélodique hyper pompeux. Dead Inside et Mercy qui font office de soupe pop un peu dégueu, l'une avec sa production """simpliste""" toute plate, vide, paresseuse, l'autre qui passe pour une grosse Starlight-like (et selon moi c'est pas un compliment), le morceau final assez... indigeste et (très) prétentieux.


Je trouve aussi prétentieux le fait que Matthew Bellamy, le chanteur, considère cet album comme un album concept qui, selon lui, suit un humain à travers son voyage, de son abandon et de son désespoir à son endoctrinement par le système qui veut faire de lui un drone humain.
http://www.musewiki.org/Drones_(album)#The_Story


Il y a aussi de bonnes idées dans Drones. De bons morceaux.
The Handler, Reapers, même Defector je la trouve passable parce que j'aime bien le pont mélodique, ou encore [JFK] parce que le discours de Kennedy couplé aux jolis violons s’intègre plutôt bien à l'album, comparé au sergent qui gueule sur Psycho ou sur Drill Sergeant. Il y aussi The Globalist, qui est quand même un gros gâchis à cause des passages chantés de Bellamy alors que le tout début était sympa, et que le passage heavy de la morkitu lâchait grave des caisses de classe, (Avec la voix de Matt en arrière-plan, ce riff continu, cette explosion avec ce jeu de batterie fluide et lancinant et le solo de guitare, dommage que ça soit aussi court. J'ai commencé à mordiller mon coussin quand ça s'est terminé, tellement j'étais frustré.) Il n'empêche que ce morceau demeure selon moi le point d'orgue de l'album.
Il y a aussi le retour des petites nappes de synthé toutes simplettes présentes en abondance sur OOS et Absolution, qui fait un peu un doigt d'honneur à ce qu'ils ont fait sur T2L, ce qui m'a ravi. Il y a cette intention louable de vouloir faire un retour aux sources tout en explorant de nouveaux territoires, qui se fait ressentir tout au long de l'album, par exemple avec Reapers qui partait en live à la fin, à la manière de leurs premiers morceaux et de leurs b-sides datant de Showbiz, une outro qui me rappelle d'ailleurs celle de Geek USA de Smashing Pumpkins, qui est un groupe que Matt affectionne.


Drones est vraiment inconstant. Il est inégal, il manque de cohérence, il a un goût d'inachevé, il vient après OOS, qui est plus vieux de 14 ans mais qui est plus mature, plus maîtrisé sur pratiquement tous-les-points.


Oui, j'ai l'air d'un nostalfag comme ça. Je radote toujours à propos des premiers albums.
Mais quand on regarde ce que Muse avait fait au début, ça avait du style. Ça avait souvent ce côté grandiloquent, parfois prétentieux, mais ça faisait parti du délire général, et ça ne voulait pas forcement révolutionner le genre. Le problème c'est que normalement, au fil des années, un groupe ça gagne en expérience, en culture musicale, en maturité. Tiens Radiohead par exemple, ils ont commencé avec quoi ? Pablo Honey. Et après ils ont sorti In Rainbows, Amnesiac, Ok Computer, Kid A, The Bends. Muse quant à eux régressent selon moi incroyablement depuis la sortie de Black Holes. Multipliant les aventures musicales dans des territoires sur lesquels ils avaient peut-être du potentiel mais qui au final ne leur ont pas réussi. En témoignent certains morceaux comme Save Me, Guiding Light ou encore Neutron Star Collision.


Mais je lui donne quand même la moyenne, cet album(même s'il m'arrive encore de pencher pour un 4). Bah pourquoi ? Parce que Muse a quand même refait un album de rock. Pas le meilleur de la décennie, peut-être (surement?) pas le meilleur de l'année. Il n'atteint même pas le niveau de Black Holes qui avait le mérite de proposer certains des meilleurs morceaux du groupe, et il échoue à renouer avec leur rock d'antan. Mais c'est pas non plus le pire album de rock de la décennie. Ça n'est pas, selon moi, le pire album de leur carrière. Et même sur les plus mauvais morceaux, il y a parfois quelque chose d'appréciable.

PendletonShape
5
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le 8 juin 2015

Critique lue 792 fois

5 j'aime

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