Je suis Jacob Collier depuis son apparition chez Snarky Puppy. De par sa jeunesse et le fait qu'il soit si dynamique et novateur, il est probablement un des artistes d'aujourd'hui avec un des plus forts potentiels. Il n'y a qu'à écouter Flinstones ou You and I, pour lesquels il a reçu deux Grammy Awards. Du coup, on attend les nouvelles musiques de Jacob avec beaucoup d'impatience, en espérant écouter des choses nouvelles pour le plaisir de nos oreilles.


Ce deuxième album est moins bon que le premier, à mon avis. Si Jacob en profite pour orchestrer plus ses musiques à l'aide du Metropole Orkest, il ne parvient pas tellement à se renouveler. Même si bien sûr, il y a quand même quelques perles dans cet album.



  • Home is : La première piste est celle qui me touche le plus. Ici, Jacob a vraiment su trouver une douceur que l'on ne percevait pas encore dans ses musiques précédentes, ainsi qu'un travail de composition à la fois riche et minimaliste. Les progressions harmoniques sont particulièrement croustillantes, plus que dans les autres pistes, et même s'il n'y a pas de paroles, il y a une force certaine dans ce tapis sonore.

  • Overture : Encore dans une idée d’œuvre contemplative, Overture complète un peu ce qui est commencé dans Home Is, puis entre dans une phase très rythmée et orchestrale, presque stravinskienne, où Jacob en profite pour s'essayer à l'orchestre et introduire la musique suivante afin d'assurer une certaine continuité.

  • With the Love of my Heart : Dynamique et contrastée, cette musique-là est la première qui a été révélée, et la première à avoir un clip, clip particulièrement psychédélique, kaléidoscopique. Incontestablement, il s'agit d'une des pépites de cette album, et il n'y a qu'à voir la version live à Toronto en septembre 2019 pour se rendre compte du potentiel dont elle regorge. Cette musique me rappelle beaucoup P.Y.T, par son caractère déjanté et amusé, seulement elle est plus orchestrée. Encore une fois, les changements de parties si abrupts mais qui s'échangent les uns les autres me rappelle encore Stravinsky (Pétrouchka).

  • Ocean Wide, Canyon Deep : On repart dans quelque chose de plus doux, qui rappelle un peu la première piste. Le thème de l'océan, qui est sûrement caractéristique du premier volume de Djesse, est personnifié par des vagues de cordes. Mais ici, on n'a déjà plus les prospections harmoniques que l'on trouvait avant chez Jacob. Nous sommes vraiment dans une pure optique de contemplation.

  • Djesse : Une musique beaucoup plus linéaire, avec un orchestre plus discret, c'est une musique rigolote mais sera finalement sûrement beaucoup moins marquante que les précédentes : nous sommes vraiment dans la musique de milieu d'album, que je n'arrive pas à écouter vraiment en profondeur. C'est vraiment cinq minutes de musique peu nuancée.

  • Everlasting motion : Une musique très lancinante, s'inspirant directement de cultures orientales. Jacob continue ici ce qui a déjà été entamé par Snarky Puppy dans leurs albums de Family Dinner, je pense notamment au featuring de Salif Keïta dans Soro. Cependant, à titre personnel, je n'apprécie pas plus que ça le mélange culturel entre de purs chanteurs traditionnels et du jazz fusion contemporain. A la rigueur, le mélange des cultures fonctionne mieux chez John Zorn, car le mélange est encore plus singulier.

  • Every Little Thing she Does is Magic : Là, on est dans une musique à refrain, qui a peut-être pour but de faire mieux vendre, j'en sais rien, en tout cas j'y comprend vraiment moins l'intérêt... Elle rentre en tête, elle se répète énormément, c'est un peu ce genre de tournant que je reproche un peu à Jacob.

  • Once You : Là ça redevient très beau. On est à nouveau dans la douceur, avec cette belle pédale qui reste longtemps dans les aigus des cordes, ici l'orchestre prend vraiment une place plus importante et se développe lentement. Des harmonies inattendues, appuyées par un chant simple et humble et le violon de la mère de Jacob. Voilà une pièce beaucoup plus personnelle, moins exubérante, qui est d'ailleurs la première sur laquelle June Lee s'est penché sur la transcription (je ne compte pas With the Love of my Heart qui est sortie avant).

  • All Night Long : la musique qui conclue l'album est plutôt issue d'influences funk. Elle se répète pas mal également, mais il y a quelques parties solos, qui manquent cruellement dans cet album. Elle conclue plutôt bien l'album, ça n'est pas la musique la plus marquante mais la fin très rythmée, avec tout l'orchestre et avec un fade out est ici très adapté.


Ce second album permet donc à Jacob Collier de varier un peu son répertoire, en s'adonnant plus à la musique orchestrale. On y retrouve donc moins de virtuosité de sa part, et aucun passage a cappella comme on avait l'habitude d'en entendre auparavant. Il y a également beaucoup moins de parties solos.


Je l'ai moins apprécié que In My Room, mais je note toutefois la volonté de la part de Jacob Collier de se renouveler, de chercher d'autres horizons notamment à travers les featurings qui sont en vogue en ce moment. Après tout pourquoi, Djesse (Vol. 1) reste bien sympathique à écouter. Il sera juste à mon goût moins marquant que In My Room.

Monsieur_Cintre
8
Écrit par

Créée

le 6 janv. 2019

Critique lue 257 fois

2 j'aime

Monsieur_Cintre

Écrit par

Critique lue 257 fois

2

D'autres avis sur Djesse, Vol. 1

Djesse, Vol. 1
GuillaumeL666
8

Every little thing he does is magic

Après l'introduction assez inattendue Home Is et le titre Overture qui en est littéralement une avec une orchestration plutôt pointue, l'album démarre vraiment et Jacob Collier surprend. Après avoir...

le 28 sept. 2020

1 j'aime

2

Du même critique

Les Aventuriers de l'arche perdue
Monsieur_Cintre
5

Archéologue : un métier badass

Je trouve que Spielberg a un sens tout particulièrement affûté lorsqu'il est question de rythmer ses films. Il rend la narration très simple, si bien qu'à chaque moment du film, nous savons à peu...

le 1 oct. 2018

19 j'aime

7

The Big Lebowski
Monsieur_Cintre
10

Tout commença par une souillure de tapis...

En 1998, les frères Coen ont déjà maintes fois affirmé leur style à la fois étrange, absurde, dramatique, noir et comique. Un savant mélange qui, deux ans après la réussite de Fargo, donnera...

le 26 avr. 2020

19 j'aime

3

Mon nom est Personne
Monsieur_Cintre
7

Le chemin vers la reconnaissance

Mon Nom est Personne est à la fois un western spaghetti et un hommage au genre. Il s'agirait à l'origine d'un projet de Leone - le roi des spaghettis - qui en est le producteur, et qui souhaite...

le 5 sept. 2020

17 j'aime

10