Steve Lacy Mal Waldron – Communiqué (1997)
Un incroyable duo ! Certainement l’un des plus grands qui soit, on avait passé un peu de temps, enfin quelques heures de musique quand même au fil de quatre Cds, au Dreher, à Paris, en 1981 en compagnie de Steve Lacy et Mal Waldron. Une union artistique qui s’est pérennisée dans le temps, d’ailleurs ces albums parisiens ne sont sortis qu’en quatre-vingt-seize, c’est-à-dire une année avant cet enregistrement en forme de « Communiqué ».
Cet un album Black Saint ou plutôt « Soul Note », le label cousin, enregistré en studio, à Milan, en quatre-vingt-quatorze qui se retrouvera chez les disquaires trois années plus tard, le temps de fignoler et surtout de financer.
Quand ils se retrouvent ces deux-là c’est toujours sous l’égide de Monk, ce sont en effet deux grands spécialistes de l’univers Monkien, particulièrement Steve Lacy qui a fait plusieurs fois le tour des compos du moine. Du coup ils ouvrent l’album avec « Who Knows » dont ils donnent une interprétation engagée, un peu plus tard ils feront une autre visite du patrimoine monastique avec un « Blue Monk » un chouïa austère.
Au chapitre des reprises deux titres de Mingus « Peggy's Blue Skylight » et « Smooch », une très belle ballade, co-signée par Miles Davis, que Steve Lacy transcende en l’élevant au statut de longue plainte douloureuse, un déchirement de l’âme, que soulignent les accords de Mal Waldron, délivrés en grappes lentes et économes.
Les autres compos sont partagées entre les duettistes. On retrouve cette sorte de « bleu à l’âme » sur le « No More Tears » signé par le pianiste et par « Wickets », un titre répétitif en forme de question-réponse, que lui renvoie Steve Lacy. Quelle est cette douleur commune, ce blues plaintif et primordial qu’ils nous envoient à la face à chacune de leurs rencontres ? Ces plaies qui s’ouvrent à qui sait les voir, et ce titre « Prayer », long solo au soprano, comme une offrande pieuse… à laquelle Mal répond avec « Fondest Recollections », comme un message d’espoir qu’il envoie au piano solo. L’album se termine avec « Communiqué », le titre de l’album, cosigné par les deux artistes, un titre où les deux ne font qu’un.
Encore un superbe album, un chef d’œuvre de plus de la part de ce duo magnifique, qui reste encore (et c’est incroyable) à découvrir par le plus grand nombre.