Avant garde

C'est le premier album de Nurse with Wound, l'original datant de 79, avec un tirage limité à 500 exemplaires. Par bonheur une réédition soignée est parue en 2009, avec trois faces enregistrées.
Le titre de l'album: "Chance Meeting On A Dissecting Table Of A Sewing Machine And An Umbrella " est emprunté au célèbre ouvrage de Lautréamont "Les chants de Maldoror" qui ont déjà inspiré l'album d'Horrific Child, groupe de Jean-Pierre Massiera: "L'étrange Monsieur Winster". La traduction correspond à une définition surréaliste du "beau" comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie.

NWW c'est d'abord Steven Stapleton qui demeure le socle du groupe, point de rencontre entre de nombreux musiciens qui ont, au fil des années, participé à l'aventure du groupe. La première face de cet album se caractérise par l'importance de la guitare électrique, ce qui restera une exception dans le son du groupe, grâce à cette guitare l'album s'écoute bien, mais attention, l'ambiance est tout de même bruitiste, traversée de sons étranges, parfois même angoissants, des bidouillages sonores de toutes sortes se déploient sur des percussions ou des boîtes à rythmes. On ressent un continuel sentiment d'inattendu et d'inhabituel, de mystérieux et de décalé. Toutefois on observe une progression dans la musique, un fil conducteur qui nous emmène et guide nos pas, même s'il est difficile d'évaluer le niveau de pratique instrumentale des musiciens on sent bien que l'enjeu est ailleurs, dans l'ambiance où nous sommes plongés, au beau milieu d'un champ expérimental absolument fascinant.

La troisième face a été ajoutée à partir de 2001, elle se compose d'une seule composition "Stain, crack, break". La pièce est constituée par des voix qui sont répétées, superposées, mélangées. Le sens des mots ne semble pas avoir d'importance, seul subsiste leur sonorité, le flot coule comme de l'eau, arrachant un sentiment de plénitude et de beauté qui évoque les psalmodies des temps passés...

A l'intérieur de la pochette est glissé un insert sur lequel on peut lire la liste mythique qui deviendra avec le temps "La liste NWW" . Elle regroupe presque 300 noms d'influences diverses sur le groupe Nurse With Wound et plus particulièrement sur Steven Stapleton. On y retrouve quelques formations ou individualités célèbres (King Crimson, Amon Duul II, Captain Beefheart...) mais la plupart sont moins connus, voire quasi-inconnus. On peut y trouver également beaucoup d'artistes français ( Raymond Boni, Etron Fou Leloublan, Fille qui mousse, Chêne Noir...), sont présents aussi quelques représentants de la musique contemporaine (La Monte Young, Steve Reich, John Cage...). Certains sont sélectionnés pour un titre, d'autres pour un album. Les artistes de jazz sont également nombreux (Michael Mantler, Dharma Quintet, Jef Gilson ...).

Cette liste a eu une influence considérable à travers les sites et les blogs les plus aventureux du Net, y appartenir devenant une reconnaissance, le signe d'un musicien ou d'un groupe expérimental, contemporain ou non conformiste, elle se perpétue aujourd'hui sous la forme: "Pourrait appartenir à la liste NWW ".