Blonde
7.4
Blonde

Album de Frank Ocean (2016)

Patience, tel est le maître mot du projet dont j’aimerai vous parler aujourd’hui. Blond de Frank Ocean est un album reconnu par beaucoup comme l’un des meilleurs albums dit « Contemplatif » que l’histoire de la musique n’ait jamais connu. Pour ma part c’est une estime encore plus haute que j’ai de ce projet et nous allons essayer de décrypter pourquoi. Tout d’abord il faut savoir que Frank Ocean a fait l’effet d’une bombe lors de son apparition sur la scène musicale. Avec son premier EP nommé Nostalgia Ultra il vient redéfinir les genres établis que sont la Soul, la Pop ou encore le RnB pour ainsi créer un exquis mélange qu’on qualifie aujourd’hui de Neo-Soul (en vrai ça a peu d’importance). Ainsi avec un premier projet aussi innovant il ne passe pas inaperçu et ne perd pas une seule seconde pour nous faire partager l’année suivante un album majeur du monde de la musique channel Orange où on retrouve l’excellent Thinkin Bout You où Frank nous fait passer de l’orchestre à une pop plus posée interprétée par des synthétiseurs hypnotiques accompagnants la berceuse vocale dont l’artiste nous fait part. Mais le meilleur conseil que je puisse vous donner c’est de découvrir l’artiste et son univers par l’intermédiaire de ce projet, pour ensuite plonger dans le chef d’œuvre sur lequel nous allons nous pencher aujourd’hui Blond.
Une petite remise en contexte musicale est cependant nécessaire. En effet 2016 est remplie de hit on ne peut plus anecdotique. Il est vrai que Sorry est un tube planétaire et sûrement celui dont tout le monde a entendu parler mais parait si banal et générique comme les autres tubes de l’année qui l’entoure comme My House de Flo Rida ou Stitches de Shawn Mendes. On observe tout de même quelques ovnis musicaux émerger comme Twenty One Pilots qui viennent réellement apporter un renouveau aux horizons musicaux qui se profilent. Mais le projet de Ocean n’a justement pas la prétention de venir prendre place auprès de tous ces tubes et hits. Il se peut même que vous lecteurs soyez passés à côté. En effet le projet a pour but de récompenser les auditeurs patients et passionnés. Ce qui va nous permettre d’aborder le sujet de la tracklist qui reflète justement ce parti pris de la patience. Vertu qui pour beaucoup a aujourd’hui disparu dans une société où tout va si vite.


Le même sentiment de vitesse que tu as lorsque tu cours dans ta nouvelle paire de Nikes. Nikes qui est aussi le nom de la première track de l’album. Qui a pour rythme l’opposé de la vitesse. On y entend des bruits de Skateboards au tout début pour directement créer cet atmosphère d’outdoor. Bruits rapidement suivi d’une voix aiguë Auto-tunée de Frank. Voix signature qui la suivra sur certaines autres tracks du projet. On la retrouve même sur des featurings comme avec Tyler The Creator sur l’emblématique Where This Flower Blooms. Pour en revenir à Nikes on a un son très trippy qui nous transporte réellement (sentiment récurrent tout au long du projet). Frank traite dès la première phrase du couplet des problèmes que la reconnaissance lui a apporté. Comme celui des femmes présentes dans sa vie qui ont pour unique but de profiter de son argent et sa richesse en général. On peut même extrapoler et affirmer que la voix auto tunée serait la conscience de Frank qui lui permet de mieux comprendre les enjeux qui l’entourent désormais. On pourrait même croire à un featuring avec lui-même. On y retrouve aussi le champ lexical de la météo qui remplit excellemment bien la fonction de nous transporter et de recréer une vraie journée d’été.
Journée d’été auditive qui est la mieux retranscrite dans ma track préférée du projet Pink+White. Son qui dès la première seconde vient nous prendre la main pour nous plonger dans un océan de mélodie mielleuse. On y retrouve une contrebasse parfaitement ajustée avec un piano léché et radieux. En ajoutant à cela que si on tend l’oreille on y discerne des oiseaux chanter littéralement. Pour revirer dans une ambiance plus tropicale avec des percussions rappelant des noix de cocos qui s’entrechoquent accompagnées de violons superbement amenés. Pour enfin finir avec un final grandiose avec des chœurs féminins divins qui monte en puissance au fur et à mesure pour se couper en fin de musique afin de nous laisser deux ou trois secondes pour être seul avec les oiseaux et le soleil. Ce qui est notable c’est avec quelle poésie Frank nous dépeint cette journée d’été. Textes qui lyriquement sont les œuvres qui se rapproche le plus de la poésie que vous et moi étudions en primaire. Un vrai coup de nostalgie. Détail important qui m’est impossible de vous faire parvenir par l’écrit est que l’ambiance de chaque son se transfert d’une track à l’autre. On y retrouve une vraie continuité qui fait que l’album peut s’écouter comme bon vous semble mais est encore plus appréciable dans le sens initial donné par l’auteur-compositeur-chanteur via la track-list établie. On peut justement prendre l’exemple des fameux oiseaux présent un peu partout sur les différentes prods du projet et Skyline To n’y fait pas exception.
Encore une fois on a affaire à une track qui prend son temps. On y retrouve un effet d’écho sur la voix du chanteur avec un changement d’ambiance pour se diriger plus vers le grave après seulement une minute de musique. Changement qui fera lui-même parti du passé lorsque la musique prendra encore une nouvelle direction avec l’apparition d’une sorte de Kazoo vibrant et des notes de synthétiseurs très atypiques. Niveau lyrics on y retrouve encore un Ocean qui nous dépeint une vraie nuit d’été pour finir le son sur la phrase qui s’explique d’elle-même «In comes the morning ».
Phrase qui nous transporte vers un son phare du projet Self Control. Que dire de ce bijou musical mis à part qu’encore une fois l’artiste gère magistralement le rythme de la musique et réussit à nous faire passer de la mélancolie très terre à terre du début du son, avec pour unique instrument ou presque une guitare électrique pendant la première moitié du son. Pour nous élever vers le ciel en nous portant avec des violons lointains et une voix de Frank très claire et portante. Pour enfin se démultiplier durant le dernier quart du son. Tout cela en racontant l’histoire de deux amoureux qui s’aimait réciproquement mais qui n’arrivaient pas à se retrouver ou du moins qui n’étaient pas en symbiose totale. Faisant ainsi dénoter l’ambiance du son vers une ambiance plus triste. Changement d’ambiance radical qui va être opérer à la trentième minute de l’album. En effet vous avez sûrement remarqué que la première moitié de cet album retranscrit un été ensoleillé et jovial pour laisser place à une deuxième partie d’album bien plus mélancolique. Mais comment un changement si radical a-t-il pu s’opérer me demanderez-vous. La question est vite répondue.
En effet lors de l’exceptionnel Nights le compositeur réalise un changement de beat transcendant. Et pour réaliser un tel exploit il créée une cacophonie vrombissante pendant près de vingt secondes dans vos douces oreilles pour aspirer tout le bruit et laisser place à un beat bien plus nocturne et triste. Il serait bête de passer sous silence tous les autres sons de l’album mais encore une fois je manquerais d’encre si je devais analyser exhaustivement toutes les tracks de ce bijou musical. C’est pour cela que j’aimerai aussi vous laisser découvrir par vous-même ce chef d’œuvre. Et vous laissez vous créer VOTRE journée d’été et VOTRE nuit mélancolique accompagné de Frank Ocean.


Il m’aura fallu près de trois ou quatre écoutes complètes du projet pour réellement cerner la vision de l’artiste. Mais je suis ravi d’avoir pris ce temps-là et j’espère que vous vous retrouverez dans ces mots.
Si je devais conclure ma review par une phrase que j’aurais voulu entendre avant de me lancer dans l’écoute de cet album c’est :
La patience est la plus belle vertu que la vie puisse vous enseigner donc prenez le temps pour les choses que vous aimez.

Rayane_
10
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le 2 juin 2021

Critique lue 1.1K fois

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Rayane_

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